Les procès politiques ne frappent pas qu’en France, gilets jaunes, syndicalistes, lanceurs d’alertes et insoumis.
Les persécutions judiciaires contre Snowden et Assange démontrent la véritable nature, totalitaire et liberticide, du capitalisme
La censure financière plutôt que les images catastrophique de livres détruits, c’est par une autodafé judiciaire que l’impérialisme américain a acceuilli la publication par le plus célèbre des lanceurs d’alerte – Edward Snowden- de son autobiographie.
Six ans après avoir dévoilé les dessous de la surveillance de masse américaine, l’ex serviteur de la NSA publie en effet un livre, mémoires vives. Immédiatement, tombant le masque le gouvernement américain a réclamé en justice la saisie des recettes et déposé plainte au civil pour « violation de contrat » contre son ancien employé de la CIA et de la NSA. L’information est déjà poursuivi pour espionnage et de vols de secrets d’Etat, et Washington veut le supprimer. Actuellement réfugié en Russie, qui l’accueil depuis que son passeport a été suspendu alors qu’il se trouvait dans la zone international de l’aéroport de Moscou, Snowden est protégé des menaces américaine, maisle gouvernement américain souhaite lui couper les vivres. Amer mais courageux, Snowden souligne que la plainte contre son livre est la meilleur demonstration de la véracité de ce qu’il raconte. Le régime US attaque non seulement le lanceur d’alerte mais aussi ses éditeurs, car la maison blanche veut également s’approprier toutes les sommes qui pourraient résulter des ventes du livre mais également de ses adaptations, par exemple cinématographique. Une manière d’empécher à des éditeurs ou des producteurs de donner l’écho qu’il mérite à cette demonstration de la nature profondemment totalitaire du régime capitaliste impérialiste US.
Snowden « les USA sont dans le lynchage » – par A Monville
Ce 18 septembre, Aymeric Monville était interviewé par RT France pour expliquer ce qui se trame contre Edward Snowden, le lanceur d’alerte au cœur des révélations de wikileaks sur les crimes de l’impérialisme américain.
Julian Assange : Branco était sur la photo
Invité par un souverain européen à une course de chevaux, un shah d’Iran aurait répondu : « Qu’un cheval puisse courir plus vite qu’un autre, cela je l’ai toujours sur. Mais il m’importe peu de savoir lequel. » En effet, il est probable que Juan Branco courre plus vite qu’un autre. Enfant prodige, il semble avoir compris que le cursus honorum qui va d’énarque à sénateur de gauche en retraite passe un temps par la carrière de tribun du peuple. C’est un peu triste, en pleine insurrection populaire de gilets jaunes, que le peuple ne puisse continuer à se faire représenter que par des « outsiders », par ceux qui, d’un seul coup, ont « tout compris » du système, de Paul de Tarse sur son chemin de Damas à Varoufakis en passant Philippe Egalité, modèle revendiqué par Juan Branco.
Les commentateurs les plus malveillants insistent sur l’aspect « selfie » trop « selfie » du livre de Branco sur Macron et pointent les ouvrages qu’il aurait pillés pour le faire en se mettant en valeur. C’est de bonne guerre.
En réalité, nous sommes sûrs que le lecteur pardonne ces péchés véniels liés à un narcissisme juvénile. Mais comme de tout jeune devant faire ses preuves, nous attendions Juan Branco à un tournant décisif. Et notamment sur sa défense de Julian Assange dont il fut, nous dit-on, le conseiller juridique. La rencontre avec le plus grand journaliste de tous les temps a dû être l’événement macroscopique de l’itinéraire d’un enfant gâté.
Et le fait est que Juan Branco, en avance sur tout est en retard sur Assange. Tragiquement en retard.
On
attendait son livre sur le prisonnier de Belmarsh pour la rentrée, ce
sera pour janvier, nous dit son éditeur (1). Sans doute cette sortie
après les étrennes était-elle prévue pour s’inscrire dans le ballet
médiatique qui rompra l’atonie générale au moment de l’extradition
prévue initialement pour février.
Sauf que celle-ci risque d’être accélérée.
Tout
d’abord parce que le Brexit préside aux petites négociations entre amis
et les procédures d’extradition s’étant déjà négociées dans le cadre du
droit européen, on mesure tout l’avantage à extrader Assange vers les
USA avant le Brexit.
Ensuite, parce qu’en n’interjetant pas
appel de la condamnation du viol de sa liberté conditionnelle, en
juillet dernier, les avocats d’Assange ont validé la culpabilité de
celui-ci, y compris en Suède, et invalidé la décision de l’ONU de 2016
qui exigeait déjà que le reclus dans l’ambassade d’Equateur fût libéré,
indemnisé et conduit en lieu sûr. Disons-le clairement : ses avocats ont
déserté.
Au point de susciter l’hilarité grinçante du juge britannique lors d’une audition le 13 septembre dernier :
« Vous
avez été présenté aujourd’hui parce que votre peine d’emprisonnement
est sur le point de se terminer. Lorsque cela se produit, votre statut
de détenu provisoire passe d’un prisonnier en service à une personne
menacée d’extradition. C’est pourquoi j’ai donné à votre avocat
l’occasion de faire une demande de mise en liberté sous caution en votre
nom et elle a refusé de le faire. Peut-être sans surprise compte tenu
de votre histoire de fuite dans cette procédure. À mon avis, j’ai de
bonnes raisons de croire que si je vous libère, vous vous échapperez de
nouveau. »
D’après le compte rendu, on a demandé à Assange s’il avait compris
ce qui se passait. Ce à quoi il aurait répondu: « Pas vraiment. Je suis
sûr que les avocats vont l’expliquer. » (2)
Pas sûr qu’ils l’expliquent. Autour
de ce 13 septembre, l’histoire retiendra que l’avocate en chef
d’Assange, Jennifer Robinson, « twittait » au même moment sur les Papous
de l’Ouest (la cause de sa vie) et sur… Greta Thunberg! L’humour en
moins, on pense au journal de Kafka ouvert à la date du 2 août 1914, :
« L’Allemagne a déclaré la guerre à la Russie. Après-midi piscine. »
Pour justifier ce scandale de l’audience du 13 septembre, un « storytelling »
se met en place, qui court de Wikileaks au vecteur privilégié de la
défense actuelle d’Assange qu’est l’officine trotskiste wsws (word socialist web site)
: la juge aurait pris de court la défense. Comme après le 18 juillet,
les avocats n’ont même pas daigné expliquer pourquoi ils n’avaient pas
interjeté appel et ont préféré laisser à Wikileaks le soin de faire le « lip service ».La propre mère d’Assange n’a pas fait le déplacement d’Australie. On
ne comprend pas non plus pourquoi la famille française d’Assange, dont
il a révélé l’existence alors qu’il avait demandé l’asile politique à la
France sous la présidence Hollande, ne se manifeste pas. Branco aurait
peut-être pu expliquer pourquoi. Ses papiers, très professionnels,
notamment un dans le « Diplo », sont excellents pour qui veut comprendre
pourquoi Assange est innocent de tout crime et doit être défendu. Mais à
ce stade, nous n’en sommes plus là. Nous ne voulons pas passer pour des
diviseurs mais il y a tout de même une division à faire entre ce qui
fonctionne et ne fonctionne pas dans la défense d’Assange. Et l’on ne
peut pas faire comme si cette question ne se posait pas.
Par
exemple, quelle que soit la sympathie qu’il nous inspire, on peut tout
de même se demander pourquoi John Pilger, l’Horatio de l’Hamlet de
Belmarsh, s’est démené récemment lors d’une manif devant la sono de
Roger Waters devant une banderole « non à l’extradition », ce qui est
tout de même très en deçà de l’ONU, qui demande la libération,
l’indemnisation et la mise en sûreté d’Assange depuis 2016. Et nous
allions oublier les communiqués laconiques de VIP comme Vivianne
Westwood. Il faut vraiment être très « VIP » dans sa tête pour penser
qu’on est plus important à un prisonnier qu’un avocat ou qu’un médecin,
alors que le rapporteur de l’ONU sur les tortures avait dit qu’Assange
pouvait mourir en prison.
Depuis ce 13
septembre, nous savons que les 50 semaines avant l’extradition sont
devenues 25 et que ce 11 octobre prochain, il y aura une audience
administrative. On accélère sans doute sa sortie pour permettre son
extradition avant le Brexit.
Le 21 du même mois, ce sera une audience de gestion, procédure qui rappelle les extraditions de sans-papiers. Julian Assange a toutes les chances d’être dans l’avion pour Guantanamo via Washington le 21, comme c’est le cas pour tout sans-papier dont l’Obligation de quitter le territoire a été validée.
Dans ce contexte, il nous importe de savoir pourquoi Juan Branco laisse faire la défense britannique. De quel droit abandonne-t-il Assange? Branco se sent-il menacé? Que ne le dit-il pas? Il a fait part récemment des menaces que fait peser sur lui notre extrême-droite franchouillarde assez artisanale. Et quant aux fascistes de première bourre qui gèrent actuellement la CIA et le MI6? Sont-ce eux qui l’empêche de parler?
S’est-il dit que le jeu n’en valait pas la chandelle? A-t-il bien médité cette parole d’Evangile : « Celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. »
On aimerait dire à Branco d’abandonner quelque peu sa brillante carrière, de peur qu’à force d’inaction la « bio » qu’il prépare sur Assange ne devienne une « nécro ». Pourtant, quelle que soit l’amertume qui nous inspire cet article, nous sommes certains que ce n’est pas cela qu’il souhaite. Sans savoir trop pourquoi, nous n’arrivons pas à nous imaginer que Branco soit aussi déplorable que ces cadors du Daughty Street Chambers qui gèrent la défense d’Assange depuis 2011 avec les résultats qu’on connaît.
Alors, dis seulement une parole, Juan Branco, parle de ce vide scandaleux qui est fait autour de la défense d’Assange et Julian pourra être sauvé.
Aymeric Monville, 18 septembre 2019, auteur de « Julian Assange en danger de mort » avec les éléments de Véronique Pidancet-Barrière pour WikiJustice Julian Assange.
2) https://www.itv.com/news/2019-09-13/assange-to-be-kept-in-prison-because-of-history-of-absconding/