En 2020 un jeune entrepreneur « dynamique et sympa » fonde sa société « start-up » MEDIFLASH; celle-ci prenait un départ réel début 2023 notamment dans les Hauts-de-France. Son but : mettre en relation des professionnels de santé auto-entrepreneurs avec des structures en manque de personnel pour tenir leur planning. Alors, ubérisation de la santé ? Maxime Klein, le fondateur, répond en avril 2024 à la Voix du Nord : « Si ça veut dire qu’on rémunère mieux les soignants et qu’on améliore les conditions de prise en charge, bah Ok », et il précise « mais on n’évalue pas les soignants, on n’a pas de sanction, on n’est pas face à des personnes qui n’ont pas de diplômes et qui sont précaires » (oh ! est-ce un regret ?).
Le site internet de cette plateforme de mise en relation entre entreprises de la santé et soignants est édifiant. Présence dans 20 départements, bureaux à Paris, Bordeaux, Grenoble, revendication de 30 000 adhérents et 700 entreprises concernées, en réalité 500. Photos souriantes à l’américaine des équipes d’animateurs : les « teams » qui invitent les adhérents à des « team drinks » et à des « off sites » ainsi qu’à des « peer reviews » !
Et sur l’adresse messagerie de présentation intitulée « welcometothejungle », vous pouvez admirer les photos des « sales » des « ops » du « finance officer » et de « l’account manager » : nul doute qu’avec de telles pratiques modernistes, cette société va connaître un développement « mondial », jusqu’à une vente à une entreprise US contre un gros chèque!
Il paraît que les jeunes soignants intéressés sont réticents aux CDI et cherchent à travailler « de temps en temps » – des rois de l’intérim moderne !, qui gagnent « jusque 25% en plus » car ils ne cotisent pas au chômage, même si la plateforme prend de 15 % à 20 % de commission. L’employeur est lui aussi « satisfait » : pas de TVA et plus de cotisations patronales (et pas de syndiqué).
Dès 2021, le ministre de la Santé de l’époque, Olivier Véran, stipulait dans une simple circulaire que « le métier d’aide-soignant ne pouvait être exercé sous le statut de travailleur indépendant ». Mais cela n’a pas nui au développement de la société puisque, en réalité, il y a un vide juridique, d’où actuellement aucun recours en justice. Des contrôles de l’Urssaf Hauts-de-France suivent ceux réalisés dans l’Est, résultats non connus (ou non communicables !), et pire : l’ARS des Hauts-de-France affirme « n’avoir reçu aucun signalement ou autre information sur cette pratique dans la région », où la société revendique pourtant 5 800 inscrits et 90 établissements clients, Ehpad, maisons d’accueil spécialisé, cliniques !
Il est vrai que la Macronie, favorise l’auto-entreprise ! Que fera le nouveau ministre de la santé ? Quel député ou groupe de députés va se réveiller ?
Face à cette pullulation de petits entrepreneurs de misères qui cherchent à faire leur commerce sur les soignants écœurés et mal rémunérés, une seule solution : la sortie de la logique de marché pour entrer dans une logique humaine, via la nationalisation complète du système de soins, permettant de donner aux travailleurs et aux usagers les soins qu’ils méritent, tout en chassant les morpions investisseurs !
Contre le cancer du capital, le socialisme radical !
Par la commission Santé du PRCF