par G. Gastaud – A propos d’un article du Monde sur l’abstention
La présidentielle est l’élection-phare de la Vème « République », ce système monarchique sous contrôle supranational déguisé en démocratie. Mais depuis des années, l’abstention populaire de masse et les votes nuls ne cessent de monter lors des élections, quelles qu’elles soient. Les électeurs, notamment jeunes et ouvriers, ne supportent plus un régime où, quelle que soit la couleur des présidents maastrichtiens successifs, la même politique euro-atlantiste de casse sociale et nationale l’emporte au seul profit de l’oligarchie. Le viol grossier du Non à la constitution européenne par l’ensemble des forces pro-Maastricht, du PS à Sarkozy en passant par Macron, n’a pas été pour peu dans cette grève populaire des urnes qui n’est pas sans rappeler la manière dont jadis, dans la Rome républicaine en crise, les plébéiens se retiraient sur l’Aventin pour protester contre le séparatisme social des riches patriciens accaparant pouvoir et richesses.
Comment par ailleurs ne pas constater que cette élection présidentielle est encore plus verrouillée que ne le fut la précédente puisque la question du Frexit progressiste n’y sera posée par personne, Zemmour et le Pen refusant d’envisager toute sortie de l’UE, Macron, Pécresse et Hidalgo étant partisans du « saut fédéral européen », les trotskistes (Arthaud, Poutou, Kazib) confondant l’internationalisme prolétarien avec le supranationalisme européen, Roussel (dont les tracts récents ne comportent même pas l’expression « PCF »: et vive l’ « identité communiste! ») refusant toute idée de Frexit progressiste et Mélenchon ayant résilié la formule plus ouverte de 2017 « l’UE, on la change ou on la quitte ». Quant à Asselineau, il ne pourra même pas entrer en lice faute d’avoir obtenu les très démocratiques « parrainages » placés sous la surveillance des grands partis maîtres des mandats locaux (alors que les maires, les conseillers régionaux et départementaux ont été élus par une maigre minorité d’électeurs lors des derniers scrutins locaux, les couches populaires s’abstenant massivement…).
Bien entendu, on peut parfaitement entendre que certains électeurs progressistes et antifascistes envisagent malgré tout, moins par adhésion bien souvent que pour faire barrage à Macron et à l’extrême droite, de voter pour Roussel ou Mélenchon; choix que l’on peut comprendre et respecter pleinement, même si le CC du PRCF a unanimement considéré qu’en l’état actuel de l’offre politique officielle, le PRCF comme tel ne pouvait pas soutenir officiellement ces candidats, et moins encore tous les autres. Surtout quand on regarde de près comment les candidats de la gauche officielle ou « radicale » (?) esquivent « courageusement » la question vitale du jour: la défense de la paix mondiale contre l’UE-OTAN, dont les manigances décennales et l’expansion continue vers l’Est ont créé les conditions de fond de l’hyper-dangereuse guerre russo-ukrainienne. En particulier, comment peut-on encore de bonne foi prétendre que l’on veut sortir de l’OTAN sans sortir de l’UE alors que chaque jour qui passe administre en grand la preuve que l’UE et l’OTAN… c’est la même machinerie impérialiste!
Alors qu’une « grande explication » entre le peuple travailleur et le futur président, surtout si Macron l’emporte à nouveau sur la base d’une campagne sabotée, est très probable étant donné le programme de casse nationale et sociale généralisée des candidats pro-Maastricht, et que nul au pouvoir n’a oublié l’épisode des Gilets jaunes, il peut être utile de lire l’étude suivante qui est indicative des inquiétudes de la classe dominante et de ce qui, Gérard Larcher (président LR du Sénat ne cesse de le dire) lui fait véritablement peur à ce jour.
Georges Gastaud
Election présidentielle 2022 : le risque d’une abstention historique au premier tour titre Le Monde
C’est la conclusion d’un article du Journal Le Monde exploitant une enquête d’opition de l’institut Ipsos-Sopra Steria en partenariat avec le Cevipof et la Fondation Jean Jaurès pour « Le Monde » dont les résultats sont les suivants : moins de 70 % des Français se disent certains d’aller voter, à moins d’un mois du premier tour, le 10 avril.
Gilles Finchelstein(Directeur général de la Fondation Jean Jaurès, une organisation initialement proche du Parti Socialiste mais qui émarge sans surprise désormais auprès du régime Macron) s’alarme de ces chiffres
« 74 % des Français déclarent s’intéresser à la campagne présidentielle – ce chiffre est en baisse de 6 points par rapport au début du mois : l’intérêt pour la campagne recule au fur et à mesure que la date du scrutin approche, selon la septième vague de l’enquête réalisée par Ipsos-Sopra Steria en partenariat avec le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et la Fondation Jean Jaurès pour Le Monde. 67 % des Français se disent « tout à fait certains » d’aller voter – ce taux de participation potentiel fait planer le spectre d’un record historique d’abstention le 10 avril. »
L’abstention concernerait en premier lieu les jeunes, les votants n’étant d’après les chiffres de l’enquête IPSOS que 53 % parmi les 18-24 ans contre 81 % des plus de 70 ans. Et surtout les classes populaires 57 % des ouvriers déclarant vouloir voter pour la présidentielle 2022 contre 71 % en 2017.
Alors que l’élection présidentielle est la seule à mobiliser encore avec autour de 20% d’abstention quand celles ci a été majoritaire lors de toutes les dernières élections locales, avec désormais moins d’un électeur sur trois se déplaçant aux urnes. Un vote avec les pieds sanctionnant le régime en place.
A un mois du premier tours, dans les quatre vagues de sondages menées pour le CEVIPOF, à peine 54% des répondants se sont systématiquement déclarés certains d’aller voter, 13% sont certains de ne pas aller voter, et 33% sont indécis quant à leur participation.