« Le moment que représentera ce service national universel, c’est un moment de rencontre entre la jeunesse de notre pays et la nation, et en partie son armée, mais ça peut être aussi un engagement civique, comment est-ce qu’on donne de son temps utilement à la nation »
Emmanuel Macron, dans Le Monde, article du 13/02/2018
Le service “national” ou bourgeois de Macron
par les jeunes militants des JRCF
Cette courte citation de Macron est révélatrice. En effet, Macron veut faire rencontrer la jeunesse et la Nation comme s’il considérait la jeunesse comme un corps étranger à cette dernière. La jeunesse n’a pas à rencontrer la Nation, elle est, avec ses concitoyens plus âgés, la Nation.
Cette citation démontre, une fois de plus, que Macron ne sait pas ce qu’est la nation, elle est pour lui un simple vocable à invoquer pour pousser le peuple à s’associer et se solidariser avec l’État bourgeois.
La JAPD actuelle
Ceux qui ont participé à la Journée d’Appel et de formation à la défense savent qu’elle n’est qu’une présentation des différents corps d’armée, accompagnée de vidéos cherchant à défendre les diverses interventions internationales généralement sous l’égide des États-Unis d’Amérique par le biais de l’OTAN, soi-disant au nom de la démocratie et des droits de l’Homme.
Le Service national de Macron semble n’être qu’une volonté de faire acquiescer davantage la jeunesse aux guerres impérialistes. Puisqu’il est bien évident qu’un mois, la durée proposée par le président, n’est pas suffisant pour apprendre à combattre.
Le rapport parlementaire LR, LREM sur le service national
Finalement, ambition revue à la baisse depuis un rapport parlementaire du 21 Février 2018, on se dirigerait vers des sortes de SAPD (semaines d’appel de préparation à la défense) se déroulant dans les établissements d’enseignement et organisés par ceux-ci. À quoi servent alors les cours d’éducation civique, hautement critiquables eux aussi par ailleurs, faisant la part belle à l’apologie des interventions militaires françaises mais aussi à la construction européenne capitaliste.
Enfin, vers 18 ans, une semaine “en mixité sociale” seraient proposée au programme nnon encore clairement défini. Puis une semaine d’engagement civique pour diverses associations œuvrant pour l’intérêt général. On propose aux jeunes, d’aller faire œuvre charitable à la SPA ou à la Croix Rouge (associations respectables par ailleurs), mais cela n’a plus rien à voir avec un service national.
Mais finalement mécontent du Rapport, Macron propose un mois au contour flou, sinon qu’il sera civique et en “mixité sociale”.
Le réel objectif
Il semble que plus qu’un service national, il s’agisse d’un mois de propagande qu’on propose à la jeunesse. Le but est que la jeunesse française se solidarise avec les actions de l’armée française quoi qu’elle fasse.
Et de se servir des jeunes les plus réceptifs comme vivier béni-oui-oui pour l’armée professionnelle et les missions impérialistes qu’on lui réserve. Caporalisation de la jeunesse et transformation de l’armée en armée “politique”. On y aurait sélectionné les éléments les plus malléables et les plus à même d’accepter toute mission impérialiste pour le compte de l’Empire occidental plus global.
Quid d’un service national véritable
Le PRCF et les JRCF sont favorables à une déprofessionnalisation de l’Armée. En effet plus une armée est éloignée du peuple, plus elle est utilisée dans diverses aventures impérialistes. Une armée est légitime si elle est populaire. Dans ce cadre là, une armée largement populaire est préférable, elle serait bien sûr entièrement réservée à la défense du territoire contre d’éventuelles attaques ou au sauvetage de populations contre les catastrophes industrielles ou naturelles. Avoir chaque génération préparée aux techniques de premiers secours, et à un entraînement physique et militaire de base serait un avantage certain pour le peuple.
Le PRCF dans le cadre d’une sortie des instances impérialistes de l’UE, de l’OTAN et d’une sortie du capitalisme qui nous gouverne et pour résister aux tentatives de déstabilisation qu’un tel retour à une République sociale et internationaliste véritable nous ferait subir, propose un réel service national citoyen et populaire pour permettre au peuple de se défendre lui-même.
Je suis très loin d’être « militariste », ne serait-ce que parce que, ayant « accompli mon service militaire », j’ai pu constater le degré de débilité et d’abrutissement qui y régnait et que je peux résumer par cet exemple vécu: j’ai connu un engagé « maître-ouvrier » (juste un deuxième classe « amélioré », même pas caporal) qui, avec plus de dix ans d’ancienneté ne savait ni lire ni écrire. L’armée ne lui avait même pas apporté cela. Mais j’y étais en mai 68 et le rôle qui pourrait éventuellement être réclamé à une armée populaire prenait toute sa signification. Les discussions étaient animées et l’encadrement professionnel ne savait pas très bien sur quel pied danser: de ceux qui tentaient de dépister les « meneurs révolutionnaires » jusqu’à ceux faisant profil bas, en passant par ceux qui participaient vraiment aux discussions.Mais la question qui courait parmi nous (et qui interrogeait grandement nos « chefs ») c’était: comment réagirions-nous si on nous donnait l’ordre d’aller évacuer la gare occupée par les cheminots (encore eux) en grève (encore!). Il apparut clairement à nos supérieurs que c’était une aventure à ne pas tenter: on nous envoya garder des dépôts de munitions…ce qui fut la période la plus agréable de nos mois de soldats.On peut également ajouter à vos réflexions tout à fait justifiées que, si l’armée n’avait pas été composée essentiellement de citoyens appelés, le coup d’état visé par le « quarteron de généraux » d’Alger n’aurait sans doute pas abouti au même résultat.
En premier lieu, c’est bien parce que « leurs enfants » pouvaient mourir en Algérie (ou au Vietnam) que les citoyens français s’interrogeaient sur la justesse de cette guerre.Des appelés en guerre, c’est le peuple en guerre, c’est la France en guerre. Des professionnels en guerre, c’est du personnel formé accomplissant son travail.
Donc oui, une armée qui, en toute rigueur, ne doit avoir pour but que de défendre un pays et son peuple, ne peut être qu’une armée populaire, mêlant tous les citoyens. Et, de préférence, une armée moins abrutissante ne sachant pas qu’aboyer des ordres mais susceptible de faire éventuellement progresser chacun. Il n’est pas interdit de pouvoir acquérir un peu de savoir…même « sous les drapeaux »..
Méc-créant..