Il est une réforme voulue par le régime Macron qui ne cesse de planer comme une dangereuse menace sur la jeunesse de France. Le rétablissement d’un service national. C’est pourquoi les jeunes des JRCF suivent avec vigilance ce dossier et appellent l’ensemble des jeunes à se mobiliser pour défendre leurs droits.
La consultation sur le Service National Universel: qu’est-ce que “consulter” veut dire ?
Note de la rédaction du blog JRCF : remarquons bien que notre Jupiter 1er avait annoncé une véritable procédure de consultation sur le projet du SNU. Nous n’étions pas aveugles et savions que cela ne serait qu’une parodie de démocratie. Force est de constater que même à l’heure actuelle, le gouvernement ne sait pas quel forme prendre pour « jouer le jeu » de la démocratie… Quoi qu’il en soit, il est temps de reparler de ce projet inutile et idéologiquement chargé, ainsi que sur le fameux procédé de la « consultation » qu’adore tous nos profonds démocrates des Conseils d’administration des grandes entreprises !
Le PROJET macronien de Service National Universel (SNU) est présenté sur le site enmarche.fr comme “un engagement fort d’Emmanuel Macron”, on devrait donc se réjouir que sa majesté suive son cap et continue son train de réformes antisociales. Or le SNU passe très bien à première vue pour l’opposé de ce qu’il prétend être, c’est-à-dire non pas un “projet de société où l’engagement prend tout son sens et où le brassage social et territorial est une réalité”, mais une réforme antisociale, dépolitisante et idéologique. Pour ce qui est de l’engagement, les liens entre la technocratisation des élites françaises pro-européennes et les formes de “l’engagement” (associatif et surtout pas politique !) ont été mis en évidence dans un de nos articles que nous vous invitons à consulter.
Les grandes lignes du projet sont donc tracées, on essaie de faire passer l’engagement associatif pour un véritable moyen de changer les choses, au détriment de l’engagement politique, car si le peuple – et sa classe ouvrière en premier lieu – décident de reconquérir un terrain politique commun, nos euro-élites savent qu’elles ont à craindre pour leurs privilèges !
Ce projet entre donc depuis Juillet dans une nouvelle phase, celle de la sacro-sainte consultation. Il est important d’expliquer ce que signifie “consulter” dans le vocable macronien. Le ballet consultatif fonctionne comme une pièce bien réglée dans laquelle tout est savamment mis en scène pour donner l’illusion de la démocratie. On lit sur le site du gouvernement:
La consultation organisée par le groupe de travail sur le SNU comporte trois axes :
● L’audition de l’ensemble des parties prenantes du projet (associations, parents d’élèves, syndicats, collectivités territoriales, parlementaires, entreprises, etc.) ;
● Des rencontres régionales avec la jeunesse en métropole et outremer ;
● Une étude qualitative (focus group) et une enquête publique de masse.
Aujourd’hui les contours du SNU restent imprécis. On en connaît la durée (un mois, jusqu’à douze pour les jeunes volontaires), on sait qu’il sera véritablement universel (véritablement appliqué à tous les jeunes de 16 ans) à partir de 2021, mais on ignore toujours combien il en coûtera à l’État – les estimations non-officielles tournant autour de 2 à 3 milliards d’euros par an. On se demandera donc quelle est la pertinence d’une telle mesure alors qu’on nous annonce partout qu’il faut se serrer la ceinture, l’État n’est manifestement plus à une contradiction près et n’a décidément d’argent que pour ce qu’il plaît aux dirigeants de faire.
Ce SNU est-il une résurgence d’un service militaire que l’on croyait mort et enterré ? La question se pose, car la commission en charge du projet est dirigée par le général Menaouine, et il a été annoncé que l’engagement pourra se faire dans un contexte civique ou militaire. Les jeunes de 16 ans pourront donc apprendre la vie de caserne pendant la seconde quinzaine de service, qui saura leur inculquer les vertus de la discipline et de l’autorité.
Bien évidemment ces vertus sont valables à partir du moment où l’autorité est légitime, sans quoi il ne s’agit que de dressage des masses, auxquelles on vend comme formes d’engagement des missions de travail au rabais ou d’embrigadement militaire pour mieux préparer les guerres impérialistes futures. L’autorité provient, dans cette Macronie merveilleuse, non pas du fait que les jeunes désirent “s’engager” car le SNU est obligatoire, mais de l’existence même des champs d’autorité que sont l’armée, le travail salarié, ou même les fictions nationales dont le récit fait le lit de tous les chauvinismes. Il s’agit bien là de dressage, et non pas de l’émancipation réelle que l’on doit retirer d’un engagement sincère pour une cause commune.
Le gros du sujet dans la phase actuelle consiste donc dans l’audition des parties prenantes, ou “partenaires sociaux” comme on peut l’entendre à longueur de temps dans les journaux télévisés. Ce qui se passe chaque fois qu’un gouvernement capitaliste convoque ses “partenaires”, c’est la répétition tragi-comique d’un même spectacle: les syndicats (pour prendre un exemple plus ciblé) ont des revendications, lorsqu’ils ne sont pas corrompus par leur bureaucratie, ils osent dénoncer le caractère antisocial de telle ou telle réforme, la compression des salaires, l’écrasement des droits salariaux… Puis le gouvernement leur fait la “pédagogie” de la réforme: vous n’avez rien compris messieurs les syndicalistes, moins de droits pour les travailleurs, c’est plus de croissance pour tout le pays !
Il faut pour l’heure continuer à combattre cet enfumage de la “consultation”: les critiques formulées par les partenaires sociaux peuvent être aussi diverses que pertinentes, les capitalistes retomberont toujours dans leur “pédagogie”, car ils savent, eux. Et on annoncera sur les chaînes d’info en continu que la consultation a provoqué des échanges fructueux, que le projet est bien accepté de l’ensemble des partenaires – qui du reste ne savent toujours pas à quelle sauce ils sont en train d’être mangés – et que la réforme est toute prête à produire ses effets miraculeux.
Les capitalistes macroniens et européens pensent pouvoir nous duper encore longtemps, ils s’imaginent que d’une consultation à l’autre le peuple ne se réveille pas, que la supercherie est trop parfaite pour être comprise de ces pauvres sans-dents qu’il faut inlassablement assommer de pédagogie. Mais si les gouvernements se font de plus en plus autoritaires, s’ils tentent toujours plus d’embrigader un peu plus la population, de la formater idéologiquement via des mesures comme le SNU, c’est qu’ils se rendent compte, consciemment ou non, que le réveil populaire arrive, que les masses se nourrissent de la colère et des souffrances provoquées par leurs arrogantes réformes qui détricotent la solidarité.
Que les classes populaires renversent un jour l’ordre capitaliste, qu’elles s’engagent réellement, politiquement – et non pas dans des missions de service civique qui ne changent rien à leur vie concrète sur le long terme – c’est ce qu’ils redoutent plus que tout. Faisons-leur peur, renversons la vapeur, il est grand temps de faire renaître le communisme dans ce pays !
Thibault-JRCF