Profitant de la riposte très insuffisante et routinière que lui opposent les états-majors syndicaux euro-formatés (journées « saute-mouton » sans perspective, dialogue social bidon avec le MEDEF et/ou avec son appendice jaune, la CFDT, allégeance à cette courroie de l’UE qu’est la C.E.S., refus d’organiser une manifestation nationale de combat ouverte à tous les militants (syndicaux, politiques et associatifs) du progrès social et appelant à la grève inter-pro reconductible…), Macron amplifie son offensive euro-thatchérienne ; son but est de mettre hors-de-combat le mouvement populaire pour liquider d’un coup tout ce qui subsiste des acquis sociaux et démocratiques conquis de haute lutte par les travailleurs au cours des deux derniers siècles…
La destruction du BAC dans le viseur de MACRON UE MEDEF
Parmi ses cibles figure au premier rang le baccalauréat national, cette exception française très POSITIVE ; comme on sait, le « bac » est un examen national anonyme qui constitue le premier grade universitaire et qui, comme tel, donne directement accès à l’Université. C’est l’inverse dans nombre de pays européens, notamment en RFA et dans les pays de tradition anglo-saxonne, où un tri rigoureux à base d’hyper-sélection sociale et financière barre l’entrée du Supérieur à la majorité des ex-lycéens, dont beaucoup sont précocement envoyés vers la vie active, l’apprentissage sous domination patronale ou… le chômage. Voulue par Macron et par Blanquer, la prochaine « réforme » du bac, devrait s’adosser à celle, très proche, du lycée public. Alors qu’il faudrait consolider le bac et l’Université en donnant à la seconde les moyens d’accueillir dignement tous les étudiants qui le souhaitent et en rendant au bac sa vraie signification, érodée par des années de barèmes sciemment laxistes*, la réforme Blanquer visera clairement – seules certaines directions syndicales feignent encore de croire que « la discussion est possible » – à transformer le bac en diplôme local, totalement dévalué et distribué principalement sur contrôle continu établissement par établissement, ce qui en ferait en réalité un diplôme sans valeur nationale, pour ne pas dire stigmatisant (car un tel « examen » vaudrait ce que vaut, dans les classements médiatiques, l’établissement concerné sur le « marché » éducatif). De la sorte, ill serait facile
- d’engager en grand la dénationalisation de l’enseignement secondaire public, d’aggraver la concurrence entre lycées publics et entre système public et système privé, que d’ores et déjà, des « présidents de grande Région » comme le sinistre Wauquiez privilégient grossièrement ;
- de détruire le statut national des professeurs et des autres personnels de l’Education nationale, statut qui est un héritage du CNR (très précisément, du ministre d’Etat et ancien mineur Maurice Thorez, auquel on doit aussi le statut des personnels du sous-sol…), autrement dit de priver les personnels de la sécurité de l’emploi, de les livrer à l’arbitraire total (recrutement, missions, renvoi…) de leur chef d’établissement et, par leur intermédiaire, de les soumettre à la bourgeoisie locale comme c’est déjà le cas en pays anglo-saxons où les associations réactionnaires de parents d’élèves font souvent la pluie et le beau temps dans les écoles : fin de la laïcité scolaire, chape de plomb idéologique tombant sur une école publique déjà largement en voie, hélas, de caporalisation par l’idéologie dominante quand ce n’est pas directement par le MEDEF; bref, le devoir des syndicalistes véritables est d’expliquer que diplôme national, statut national, Education nationale et laïcité scolaire garantissant au moins dans le principe l’accès aux « lumières communes », forment un bloc institutionnel progressiste (sinon dans leur réalité, très dégradée par des décennies d’attaques diverses, du moins dans leur « philosophie ») dont la cohérence clairement républicaine, laïque et nationale, doit être globalement défendue ; en réalité, certains dirigeants syndicaux enseignants se montrent plus soucieux de leur image bien-pensante et « européennement correcte » que de l’intérêt des personnels et, de ce fait, ils accompagnent la dissolution euro-maastrichtienne de l’Etat-nation français, socle des statuts, des diplômes et de l’Education « nationale ». Une telle attitude voue les enseignants et la jeunesse à une défaite sociopolitique historique… du moins si rien n’est fait pour bousculer ces états-majors décaféinés qui confondent l’internationalisme des peuples avec l’allégeance à l’UE supranationale, patronale et atlantique ;
- Ce sont en dernière analyse les salariés du privé, donc le prétendu « coût du travail », surtout les jeunes salariés et futurs salariés que cible la casse programmée du lycée et du bac national. En effet, depuis le Front populaire, qui imposa les premières conventions collectives, et le gouvernement de la Libération issu de la Résistance, où le ministre communiste, ex-dirigeant de la fédération CGT de la Métallurgie Ambroise Croizat généralisa les conventions de branche, les contrats de travail du privé sont ancrés nationalement sur les diplômes et qualifications garantis par l’Education nationale et par l’Université (laquelle dispose encore du « monopole de la collation des grades », un principe qu’a déjà ébréché Sarkozy au profit des « universités » privées). Les conventions collectives sont en effet adossées aux grades scolaires et universitaires, CEP, CAP, brevet, bac, bac + 2, + 3, + 4, etc. et c’est à partir de cela que le salaire, lié à la qualification, est nationalement cadré, ce qui donne évidemment un avantage majeur aux travailleurs. Le lien à échelle nationale qualification/Salaire, que complète le principe de la cotisation sociale qui fonde la Sécu et les retraites par répartition (elles aussi instituées par Croizat) solidarise ainsi l’Education nationale, ses diplômes, les agents publics, notamment les enseignants, et par leur entremise, tous les agents publics, aux travailleurs du privé ; la destruction du bac national et, dans la foulée, n’en doutons pas, des statuts nationaux, serait un coup terrible pour tous les travailleurs. Elle serait aussi un coup majeur contre l’unité de combat des jeunes en formation et de la classe laborieuse (en France, cette unité est stratégique pour notre classe, comme on l’a vu en 68, en 86 ou lors des luttes anti-CPE de 2006) ; ce n’est donc pas pour rien que le MEDEF, la droite et le gouvernement ne cessent d’attaquer l’école, les diplômes, le bac, l’Université publique, les grandes écoles scientifiques et les classes préparatoires (issues, dans leur principe, de la Révolution française) pour instituer un système à l’anglo-saxonne de « compétences rechargeables tout au long de la vie » ; ce qui signifie en réalité une intense précarité pour les salariés auxquels plus rien ne serait d’emblée reconnu en terme de valeur professionnelle… pendant que ledit MEDEF bénéficie de la sollicitude de l’Etat-Providence… patronal ! Derrière le thème alléchant de la « formation tout au long de la vie », du retour à l’apprentissage « dès 16 ans » (13 ans, disait la constitution européenne…), on imagine la PRESSION permanente que les futurs salariés devront subir au détriment de leur santé, de leur vie privée, de leur capacité de dire non aux patrons et de leurs obligations familiales… surtout à l’heure de l’ « ubérisation » générale chère à Macron, de la « libéralisation du marché du travail » et de « l’économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » qui définit, de par ses traités, ce féroce empire patronal qui a nom Union Européenne !
- Il n’est donc pas difficile d’articuler la casse scolaire massive qui s’annonce aux autres contre-réformes visant à casser le Code du travail, DONC LES CONVENTIONS COLLECTIVES, DONC LES SALAIRES DES TRAVAILLEURS DE FRANCE, donc de la cotisation sociale et de la Sécu, des retraites et des indemnités chômage (de tout le salaire indirect des travailleurs !). Les directions de syndicats enseignants qui ne sonnent toujours pas clairement le tocsin contre la contre-réforme Blanquer du lycée (annoncée pour janvier !!!) et contre la casse du bac, qui ne font pas le lien entre la casse de l’école, de la fonction publique et les « lois Travail » successives, préparent ainsi, volontairement ou pas, le démantèlement du second degré français. Car ce dernier ne pourra pas être sauvé par les enseignants seuls, pas plus que les salariés du privé ne pourront seuls arrêter la casse du code du travail et des conventions collective qu’elle annonce.
Pour défendre les travailleurs, défendre le cadre national des conquêtes sociales contre les attaques de l’Union Européenne du Capital
Mais pourquoi, idéologiquement parlant, les directions euro-formatées des syndicats refusent-elles de dénoncer publiquement ce lien patent, évident, entre casse de l’école et casse du contrat de travail privé ? Serait-ce parce qu’elles n’ont pas le courage de défendre le cadre national, en voie d’euro-dissolution néolibérale avancée ? Il est vrai qu’une grande partie de la gauche politique, voire de l’ « extrême » gauche, refuse de distinguer, d’une part, entre le nationalisme raciste de Le Pen et la défense hautement légitime de la nation, cadre politique de la souveraineté populaire, d’autre part entre l’internationalisme populaire et le supranationalisme bourgeois que portent le Parti de la Gauche Européenne (auquel adhèrent le PCF et le PG), la Confédération Européenne des Syndicats, sans parler du Parti Socialiste Européen. Mais aussi et surtout, faire le lien que nous soulignons entre la défense de l’Education Nationale d’une part (et de tous ses appendices institutionnels énumérés ci-dessus) et la défense des conventions collectives et du Code du travail, ce serait montrer la dimension de CLASSE anticapitaliste d’une défense conséquente de l’école publique, et symétriquement, ce serait montrer qu’il est impossible de mettre le capital sur la défensive tant qu’on ose pas lier la défense des travailleurs à celle de l’indépendance nationale, comme osaient hier le faire le PCF ou la CGT d’Henri Krazucki. Bref, nos dirigeants euro-béats, qui n’ont à la bouche que le slogan suicidaire de l’ « Europe sociale » (pendant qu’on attend sans fin cette Arlésienne, l’UE détruit ICI ET MAINTENANT nos acquis ancrés dans l’histoire nationale et internationaliste du prolétariat !), ne veulent pas construire les conditions du tous ensemble des travailleurs du public, du privé, de ces travailleurs en formation que sont les lycéens et étudiants, de ces vieux travailleurs que sont les retraités, de ces travailleurs privés d’emploi que sont les chômeurs.
Pour cela il faut oser lier, comme le PRCF est quasiment le seul à le faire systématiquement en France, le drapeau rouge internationaliste du Travail au drapeau tricolore de la nation souveraine (comme ce fut le cas lors du Front populaire et de la Résistance, notamment à l’initiative de Jacques Duclos et de Benoît Frachon) pour démasquer l’euro-destructeur en chef de la France, E. Macron, dénoncer le dialogue social PERDANT et ses vecteurs délétères, CES et CFDT notamment, affronter durement l’UE du capital et l’euro, mettre en cause toutes les politiques (institutionnelles, territoriales, linguistiques…) qui désarticulent l’Etat-nation au profit de l’Union euro-atlantique des Grandes Régions, bref, retrouver la route GAGNANTE, même si nul ne prétend qu’elle soit semée de roses, du combat de classe contre le grand capital et son UE, ennemi commun des services publics, du « produire en France » industriel et agricole, et de l’émancipation intellectuelle et sociale de notre jeunesse.
*Quand un examen universitaire permet d’approcher d’année en année 90% de réussite, cela après que – sans réels moyens de rattrapage pour les jeunes en échec – on a quasiment supprimé les redoublements, cette pseudo-« bienveillance » envers les futurs bacheliers montre son vrai visage pervers : il s’agit de dévaluer totalement l’examen pour disqualifier le second degré, abaisser la culture et le savoir des jeunes générations, réserver le Supérieur aux enfants de la bourgeoisie. La vraie bienveillance est de doter le Second degré et le Supérieur (mais on peut ajouter l’école primaire) des moyens humains et pédagogiques leur permettant REELLEMENT de donner aux jeunes générations un haut niveau culturel. C’est cela la véritable démocratisation du lycée et de l’Université que nous défendons.