Un sondage paru recement indique qu’une majorité relative d’ouvriers voteraient pour Marine Le Pen (36%) si les présidentielles avaient lieu demain. Hollande, Aubry ou DSK arriveraient loin derrière la patronne du FN ; désormais vomi par une majorité de prolétaires, Sarkozy serait troisième. Quant aux Mélenchon, Besancenot et Cie, ils recueilleraient un pourcentage faible, voire très faible des voix ouvrières.
Certes il faut rester très prudent avec ce type d’enquête : ces instituts de sondage et les médias qui les commanditent travaillent quotidiennement pour les ennemis du monde du travail. En outre, les sondeurs ignorent systématiquement que, des européennes aux cantonales, le « premier parti ouvrier de France » n’est certainement pas le FN mais l’abstention, par laquelle les travailleurs manifestent régulièrement leur rejet catégorique de l’UMPS maastrichtienne et des petits partis qui lui servent de rabatteurs objectifs au premier tour. Méfions-nous aussi de l’utilisation anti-ouvrière de ce sondage, qui va surtout servir à salir l’image des ouvriers auprès des « bobos », lesquels font désormais la loi à la tête de la gauche et même de l’extrême gauche établies.
N’empêche : les militants du PRCF qui vivent dans les départements saccagés par les délocalisations et où la classe ouvrière est menacée de déclassement global, peuvent confirmer ce fait politique inquiétant : la tentation d’utiliser, -illusoirement et dangereusement-, le vote FN pour « donner un coup de balai » général, monte en puissance dans une partie de la classe laborieuse, y compris hélas dans le prolétariat des usines. Et l’héritière du milliardaire Le Pen le sait si bien que, remisant provisoirement et superficiellement le programme archi-patronal de son vieux facho de père, elle feint d’exiger des nationalisations, de refuser l’euro et le libre échange (alors que les députés FN ont voté l’Acte unique européen en 1986 !), et se réfère même à la laïcité, dont elle dévoie le contenu dans un sens islamophobe comme ses imitateurs gouvernementaux Guéant et Hortefeux. Au lieu de nier les faits ou de maudire ces « ouvriers-qui-ne-comprennent-rien-au-danger-fasciste », les marxistes, les communistes et tous les vrais antifascistes ont le devoir de se demander comment on en est arrivé là et comment il est possible de changer de cap sans attendre 2012.
Et là, c’est d’une autocritique radicale qu’auraient besoin la grande majorité des dirigeants de la « gauche » et de l’extrême gauche établies, et au premier chef la direction nationale du PCF. En effet, depuis au moins 81, ces bonnes gens, tous plus « internationalistes » et « antiracistes » en paroles les uns que les autres, ont creusé le lit du FN et pour commencer, celui de l’UMP, dont la politique se distingue de moins en moins de celle du parti d’extrême droite. En effet, la fausse gauche et les faux dirigeants communistes ont passé leur temps, tout en calomniant sans cesse les marxistes-léninistes restés fidèles à leur idées, à
– criminaliser le communisme, en cultivant l’antisoviétisme, l’anti-léninisme et le négationnisme anticommuniste. Accompagnant le procès fascisant du Livre noir du communisme, la fausse gauche et la fausse extrême gauche ont expliqué aux travailleurs que l’issue à la crise systémique du capitalisme n’était plus la révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat, encore moins la socialisation des moyens de production ; loin de faire le bilan objectif de l’expérience née de la Révolution d’octobre, loin d’en tirer leçon pour construire le socialisme de l’avenir, ces dirigeants ont repris la scandaleuse équation « anti-totalitaire » : « URSS=Troisième Reich », quitte à mettre sur le même plan les tortionnaires nazis et les héros de Stalingrad. Comment s’étonner alors si à l’arrivée, l’extrême droite est banalisée dans toute l’UE au rythme même où les « Rouges » sont diabolisés ? On ne fustigera jamais assez l’irresponsabilité des dirigeants mutants et « refondateurs » du PCF qui depuis des décennies ont rivalisé d’autoflagellation avec la droite en mettant dans toutes les têtes, et d’abord dans celles des enfants décervelés par les manuels d’ « histoire » officiels, l’équation « communistes=criminels » : car cette équation odieuse est le socle sur lequel l’ultra-droite déferle sur toute l’Europe de l’Italie aux pays baltes. En attendant, les travailleurs de France n’ont plus à leur disposition de vrai PC implanté prioritairement à l’usine, intégrant les immigrés au combat de classe, soutenant le syndicalisme de classe, portant un véritable patriotisme progressiste et dynamisant chaque lutte par la perspective de la révolution socialiste ;
– ensuite, la fausse gauche aidée par les trotskistes et par les idéologues mutants et refondateurs du PCF ont travaillé à affaiblir la conscience de classe. Les ouvriers sont devenus des travailleurs (alors que tous ne sont pas confrontés au même degré à l’exploitation capitaliste), les travailleurs sont devenus des « salariés » (alors que certains « salariés », PDG, DRH, etc., ne sont que des laquais du capital), et pour finir les salariés sont devenus des « gens ». Depuis plusieurs années, l’Huma a purgé sa manchette du marteau et de la faucille en affichant la devise du «parti-pris-des-gens » (Huma-Dimanche). Quelles gens, s’agit-il des exploiteurs ou des exploités ?… Parachevant le délestage idéologique entrepris en 76 avec l’abandon de la dictature du prolétariat, le PCF a rayé de ses statuts (28 et 29èmes congrès) toute référence à la classe ouvrière, au socialisme et au marxisme ; et tout en prétendant avoir coupé la « courroie de transmission », la CGT a rayé de ses statuts la notion de syndicalisme de classe. Quant au NPA, il a renié les mots « communiste » et « révolutionnaire » qui figuraient dans l’ancien sigle de la LCR. Comment s’étonner si aujourd’hui les ouvriers se désintéressent du « facteur » préféré des Neuilléens, Olivier Besancenot !
– enfin la gauche établie a totalement renié la nation. Au moment où les capitalistes « français » s’acharnent sur l’industrie et sur l’agriculture de notre pays, donc sur les ouvriers et sur les paysans, pourquoi le PRCF est-il presque seul, en tant qu’organisation se réclamant du marxisme et de la gauche populaire, à défendre la revendication prolétarienne élémentaire de « produire en France », sans laquelle les ouvriers, les techniciens, les petits paysans, les marins-pécheurs, etc. iront coucher sous les ponts pendant que les bobos disserteront à perte de vue sur « l’autre mondialisation » – tandis qu’ils auront concrètement aidé les capitalistes à détruire pour longtemps, avec nos capacités productives, toute possiblilité objective de révolution socialiste dans notre pays -?
Comment se fait-il que les militants franchement communistes du PRCF, censurés par la presse et calomniés par tout ce que le pays compte de gauchistes de salon, soient si seuls, en tant qu’organisation politique se référant au combat de classes, à militer pour sortir la France de l’UE avant qu’elle y reste, à fustiger le mensonge de l’Europe sociale, et à porter une pétition de masse pour que la France se retire sur des bases progressistes de la ruineuse zone euro… Comme si le plan « euro + » ne servait pas déjà de feuille de route à toute l’euro-bourgeoisie pour diminuer les salaires et fermer les services publics ? Pourquoi par ailleurs, en dehors du PRCF, PAS UNE organisation politique se réclamant de la lutte des classes et du camp progressiste n’engage-t-elle la résistance linguistique au tout-anglais patronal au moment où Chatel, Pécresse, l’UE veulent contraindre les travailleurs à étudier et à bosser en anglais en favorisant ouvertement la préférence nationale à l’envers des « english mother tongue » chéris par le CAC 40 ?
La réalité, c’est que la fausse gauche, trahissant Jaurès (« la souveraineté politique du peuple est le socle de l’émancipation sociale »), Ho Chi Mihn (« il n’y a pas de bien plus précieux que l’indépendance et la liberté »), Lénine (« Du droit des nations à disposer d’elles-mêmes ») et Politzer (« la nation c’est le peuple »), a rompu l’alliance du patriotisme républicain et de l’internationalisme prolétarien qui fut au cœur de la Commune, du Front populaire et du C.N.R.. Imitant la social-eurocratie du PS, la plupart des groupes gauchistes, non seulement abandonnent le drapeau tricolore et la Marseillaise au FN (une erreur que n’ont pas faite les ouvriers de la raffinerie de Gonfreville qui chantèrent la Marseillaise face aux charges de CRS !), mais ils traitent inlassablement de « nationaliste » ceux qui, dans la lignée de Thorez, Duclos, Manouchian et Croizat appuyés par l’Internationale communiste, associent CONTRE LES FASCISTES, contre l’UE et contre Sarko-MEDEF, le drapeau rouge du prolétariat mondial au drapeau tricolore de Valmy et des maquis FTP ! Et pendant qu’à quelques exceptions près, les dirigeants en vue de la « petite gauche », avant tout soucieuse de ménager le PS et les directions confédérales euro-formatées, refusent de condamner la sacro-sainte « construction européenne », les ouvriers, techniciens et ingénieurs de production perdent leur emploi, l’agriculture et la pêche artisanale s’éteignent, la France croule sous les importations, les services publics disparaissent « pour sauver l’euro »… et les techniciens de France-Télécom continuent de subir le harcèlement moral au travail. Mais rassurons-nous, rien n’est perdu : P. Laurent, le secrétaire du PCF, renie le combat de G. Marchais en défendant l’euro contre le « populisme ». Ainsi donne-t-il des gages au Parti de la Gauche Européenne dont il est devenu le président ainsi qu’à Mélenchon, l’homme qui juge si « nationaliste » l’idée de sortir de l’euro mais qui croit « internationaliste » d’appeler l’impérialiste Sarkozy à bombarder la Libye dans le but de « sauver la révolution arabe» (sic) !
En fait, pour notre pays, pour sa classe ouvrière française et immigrée, il est minuit moins le quart. Les vrais communistes, ceux qui sont hors du PCF comme ceux qui y adhèrent encore, parviendront-ils à temps et ensemble à rendre irrésistible l’exigence d’une sortie PROGRESSISTE de l’UE pour faire revivre le programme du CNR ? Parviendrons-nous ensemble à défendre l’histoire du communisme et la perspective du socialisme ? Parviendrons-nous ensemble à populariser à temps une large alliance antimonopoliste pour combattre Sarkozy, sortir la France de l’UE, mettre en place un programme de rupture progressiste axé sur les principes toujours actuels du CNR, comme y travaille l’Arc républicain de progrès (ARP) ? Ou bien, pour suivre pas-à-pas à la trace la petite bourgeoisie euro-constructive, « anti-libérale », écolo-européiste et altermondialiste, les mouvements gauchistes déguisés en internationalistes laisseront-ils le FN et DSK prendre à la fois la République et la classe ouvrière en tenailles pour détruire la nation en « sauvant » la seule chose qui compte pour les nouveaux complices du « FNMI » : les profits de l’oligarchie et l’avenir de l’impérialisme « français » ? C’est dans cet esprit que le PRCF 62 a d’ailleurs proposé à la Fédé 62 du PCF, qui en a accepté le principe, d’organiser ensemble une action à Hénin-Beaumont, la grande ville ouvrière convoitée par le FN, pour commémorer la grande Grève patriotique des mineurs de mai 1941.
Quoi qu’il en soit, le PRCF continuera son effort pour que, la classe ouvrière retrouve son rôle dirigeant dans la transformation sociale en « devenant la nation », comme y invitait le Manifeste de Marx et d’Engels à l’orée d’un autre Printemps des peuples : et il est décisif pour les vrais militants ouvriers qui veulent combattre efficacement le FN et l’Europe capitaliste de renforcer cet outil politique modeste, mais franchement communiste et prioritairement tourné vers la classe laborieuse qu’est actuellement le Pôle de Renaissance Communiste en France, la seule organisation politique de classe qui associe clairement dans ses luttes l’Internationale à la Marseillaise et le drapeau de la Révolution française au drapeau rouge frappé des outils ouvrier et paysan de la Révolution d’Octobre.
Pour le PRCF
Secrétariat du PRCF