Malgré le froid, la neige et la répression c’est plus de 2 millions de manifestants qui se sont rassemblés à Séoul pour exiger la démission de la présidente Park Geun Hye, fille du dictateur Park. Une mobilisation énorme dans un pays ou le régime a interdit l’un des principaux parti d’opposition et où les syndicalistes sont férocement réprimés.
MAJ 29/11/16 : Sous la pression de la rue, pour la première fois le 29 novembre, la présidente Park a envisagé publiquement la possibilité de sa démission.
2 millions de manifestants à Séoul pour la démission de la présidente Park
Toujours plus nombreux : alors qu’ils étaient 1 million en Corée du Sud à manifester les 12 et 19 novembre 2016 pour exiger le départ de la Présidente Park Geun-hye, dont l’inaptitude à gouverner a été révélée par l’affaire Choi Soon-sil, leur nombre a atteint 2 millions le 26 novembre (selon les organisateurs, se répartissant entre 1,3 million à Séoul et plus d’un demi-million dans les villes de province). Face à une Présidente qui a basé son système de pouvoir sur un règne de la terreur et le refus systématique d’écouter la population, voire ses propres conseillers, leur préférant sa gourou Choi Soon-sil, les parlementaires et les juges constitutionnels doivent dégager du pouvoir une Présidente qui est devenue le symbole d’un système politique et économique autoritaire et corrompu, afin d’engager la République de Corée sur la voie d’un régime réellement démocratique.
Un sondage indiquait cette semaine que neuf Sud-Coréens sur dix veulent voir leur présidente partir. « Park dégage maintenant ! », hurlaient des haut-parleurs installés sur des camions. « Arrêtez Park Geun-Hye », « Jetez Park en prison », scandaient au son des tambours les manifestants, dont les cris sont parvenus jusqu’à la Maison Bleue, le siège de la présidence situé à un kilomètre et demi du rassemblement.
Jour après jour les révélations se multiplient, au rythme du feuilleton judiciaire des mises en examen et des perquisitions qui ciblent les grands groupes et les conseillers de la Présidente Park, qu’ils soient encore en fonctions ou aient dû quitter leurs fonctions, que leur rôle soit officiel ou occulte. Le groupe Samsung est soupçonné d’avoir soudoyé Choi Soon-Sil pour obtenir le feu vert du gouvernement à une fusion controversée réalisée en 2015. Parfois, la chronique de l’actualité tourne au vaudeville, quand la Maison bleue (siège de la présidence de la République) prétend que ses importantes commandes de Viagra étaient destinées à permettre aux conseillers présidentiels de lutter contre les effets de l’altitude lors de voyages à l’étranger… alors qu’il existe des médicaments qui visent explicitement ce type de maux.
En tout état de cause la justice se rapproche de la chef de l’Etat, qui selon le ministère de la Justice est complice d’activités définies comme criminelles. Mais plus le couperet judiciaire se rapproche de la Présidente Park Geun-hye, plus cette dernière s’arc-boute sur ses prérogatives : dans une volte-face elle a déclaré qu’elle ne serait finalement plus prête à être entendue par les juges. En effet, tant qu’elle est en fonctions, elle échappe à la justice de droit commun.
Dans ce contexte, les manifestations n’ont jamais été aussi gigantesques en Corée depuis la lutte contre le régime militaire (institué par un coup d’Etat perpétré par le propre père de Mme Park Geun-hye), et les mots d’ordre se radicalisent : ce n’est plus seulement le départ de Park Geun-hye qui est demandé, mais aussi qu’elle soit jetée en prison. Après être revenue d’Allemagne où elle avait tenté de fuir, sa conseillère occulte, Choi Soon-sil, n’avait-elle pas déclaré avoir commis un « péché » qui mérite la mort ? Le même terme de « péché » a été utilisé par les membres de la secte (liée au parti au pouvoir) qui possédait le ferry Sewol, où ont péri plus de 300 Coréens, en majorité des lycéens en voyage scolaire – suite à l’incurie de Mme Park Gueun-hye, injoignable pendant 7 heures au moment du naufrage. Visiblement, Mme Park et ses semblables se considèrent au-dessus de la justice des hommes.
La mobilisation croissante du peuple coréen a entraîné derrière lui tous les partis d’opposition, ainsi qu’une fraction des députés du parti au pouvoir, qui ont rejoint les manifestants dans la rue. Dans le monde, des rassemblements ont aussi eu lieu dans près de 60 villes, notamment à Paris, à Lyon et à Strasbourg. Les rassemblements organisés par les Coréens de Paris ont atteint un nombre inégalé en France s’agissant de manifestations de la communauté coréenne.
Le seuil de deux tiers des voix au Parlement pour la destitution de Mme Park apparaît ainsi en mesure d’être atteint, suivant une procédure qui pourrait être engagée dès la semaine prochaine. Mais si la Cour constitutionnelle, dont six des neuf membres, s’opposaient ensuite à la destitution, il faudrait en tirer les conséquences : les « juges » constitutionnels auraient à rendre des comptes comme complices et partie prenante d’un système autoritaire qui ne souffre aucune justification.
Un vote parlementaire sur une destitution de la présidente pourrait être organisé dès la semaine prochaine, un nombre croissant de représentants politiques soutenant la campagne de destitution menée par l’opposition.
Silence des médias occidentaux
Alors qu’il suffit qu’une dizaines de personnes se rassemblent à Caracas ou La Havane pour déclencher une intense couverture médiatique en France – les médias du système appelant à la chute de gouvernements démocratiques et légitimes qu’ils qualifient immédiatement de régime – chacun peut à nouveau être impressionné par le silence de ces même journalistes. De TF1 à BFN TV, du Monde à Libération, de France Inter à RMC, pas une mot, pas une image, pas une ligne sur ces manifestations rassemblant des millions de personnes depuis plus d’un mois à Séoul. Doublées de rassemblement de la communauté coréenne en France et ailleurs dans le monde. Silence. Ou plutôt censure. Pas touche au régime totalitaire vassal des USA qui occupe la partie sud de la péninsule de Corée. Imaginons que ces manifestations qui ont lieu à Séoul aient lieu à Pyongyang, à Caracas, à la Havane, La Paz ou Quito, entendrions nous ce silence ? Et force est ici de rappeler que justement de telles manifestations n’ont lieu ni à Pyongyang, ni à Caracs, ni à La Havane, La Paz ou Quito au grand dam des impérialistes capitalistes !
Et ce deux poids deux mesures démasque la propagande permanente, un véritable bourrage de crâne. Comment ne pas ici faire le lien avec la coup d’état parlementaire qui a écarté il y a quelques mois Dilma Rousseff du pouvoir au Brésil ? Un coup d’état soutenu par l’appareil médiatique du Capital en France, rendant minutieusement compte des accusations de l’opposition ultra libérale pro USA contre la présidente élue. Accusations qui faut il le dire se sont recélées totalement fallacieuses, l’empechement de Dilma Rousseff n’ayant au final pu s’appuyer que sur un procès politique ! Mais depuis alors qu’il ne se passe pas une journée sans manifestations populaires au Brésil, alors que le putchiste TEMER tente d’imposer par la force un énorme plan d’austérité et de casse sociale en modifiant la constitution, alors qu’éclate chaque jours des nouveaux scandales de corruption concernant le gouvernement putchiste, c’est silence radio. Qui en France – à moins de lire www.initiative-communiste.fr – saura qu’un des ministres de Temer vient de démissionner empêtré jusqu’au cou dans une affaire de trafic d’influence et menace depuis de révéler un enregistrement impliquant Michel Temer ?
JBC pour www.initiative-communiste.fr d’après des sources de AAFC et RFI