L’héritage de Jacques Duclos au cœur des luttes actuelles pour la Renaissance communiste et la résistance populaire.
Décédé il y a 40 ans le 25 avril 1975, Jacques Duclos est au cœur de notre héritage communiste ouvrier, patriotique et internationaliste.
Le plus proche camarade de Maurice Thorez avec Benoît Frachon fut au cœur de la grande innovation que fut le Front populaire. C’est Jacques Duclos qui, le 14 juillet 1935, entonna la Marseillaise et l’Internationale et qui appela le prolétariat communiste français, fer de lance du Front populaire, à unir les deux drapeaux, rouge et tricolore, et les deux Révolutions,jacobine et bolchévique, pour vaincre le fascisme au service des « deux cents familles » capitalistes qui accaparaient la Banque de France.
C’est Jacques Duclos qui, avec B. Frachon et Charles Tillon, dirigea la lutte du PCF clandestin, première force et de très loin de la lutte armée contre Vichy et l’Occupant ; c’est Duclos qui fut la l’organisateur politique du Front national de lutte pour l’indépendance et la liberté de la France, dont l’action politico-militaire avec les glorieux FTPF et FTP/MOI, forma le socle du futur Conseil National de la Résistance.
C’est encore Duclos, cette personnification de l’alliance ouvrière et paysanne enrichie du léninisme et des Lumières à la française, qui influa fortement, avec le trop peu connu Pierre Villon, sur la rédaction du programme « Les Jours heureux » dont les orientations sociales affirmaient « le rôle central du monde du travail dans la vie nationale » et dont le caractère unitaire et fédérateur imposât la participation active entre 1945 et 1947 de ministres communistes (Thorez, Croizat, Marcel Paul, Billoux, Wallon, Tillon, Joliot-Curie) au gouvernement de la République, ministres qui instaurèrent la démocratisation et l’extension des services publics, la retraite par répartition, le Code du travail, les nationalisations industrielles, les conventions collectives et la Sécurité sociale que le MEDEF et l’UE, aidés par l’UMP et par le PS, s’emploient à détruire aujourd’hui.
Ce patriote français indomptable n’en était pas moins un internationaliste. Dressés contre les projets euro-atlantiques de croisade nucléaire anti soviétique, Thorez et Duclos proclamèrent très vite après guerre que « jamais le peuple français ne ferait la guerre à l’Union soviétique », le grand pays héroïque dont le Général De Gaulle devait reconnaître loyalement en 1966 qu’il avait joué le rôle central dans la libération de notre pays du joug nazi.
C’est encore Duclos et Thorez, rejoints sur ce plan par de nombreux gaullistes résistants, qui, par l’intervention combative du grand PCF d’alors, firent ensemble échec à la Communauté européenne de défense, cet instrument militaire aux mains de l’OTAN qui visait à la fois à asservir la France aux Usa, à recycler les cadres de la Wehrmacht dans l’OTAN et à préparer l’attaque contre l’URSS au risque de provoquer une guerre d’annihilation de l’humanité toute entière. Cette résistance commune des communistes et des gaullistes – qui se combattaient farouchement sur le terrain social et démocratique mais se retrouvaient parfois pour défendre la France – aboutit à l’enterrement de la dangereuse CED et à la préservation de la paix européenne et mondiale, menacée par l’Europe atlantique.
Duclos fut évidemment au cœur des combats contre le colonialisme, pour le pain, la paix, la liberté et l’indépendance nationale, que menèrent sans discontinuer les communistes français dans les années 50, 60 et 70.
En 1969, Duclos représenta le PCF aux présidentielles ; il y obtint un score de 21% des voix qui laissait loin derrière la candidature socialiste de Defferre et Mendès-France. Imaginons seulement qu’à cette époque, au lieu de combattre prioritairement le PCF et la CGT, les pseudo-gauchistes de service, les Rocard, Laguiller et Krivine, aient accepté une candidature unique non pas « de la gauche », mais du mouvement ouvrier : Duclos aurait devancé l’atlantiste Jacques Poher au second tour pour affronter Pompidou, l’homme de Rothschild et des monopoles capitalistes. Et c’est ensuite le PCF qui fût devenu et de loin la principale force du changement clairement orienté vers la révolution socialiste, dont le programme Changer de cap proclamait encore la nécessité en 1971.
La force de Duclos est que, comme Maurice Thorez et Georges Politzer en France, Dimitrov à la tête de l’Internationale communiste (sans parler de Ho Chi Minh, de Mao, de Fidel Castro, de Cunhal, de Togliatti à l’échelle du mouvement communiste international), il ASSOCIAIT le patriotisme REPUBLICAIN à l’internationalisme PROLETARIEN pour les opposer tous deux au racisme fasciste et à l’euro-atlantisme des monopoles capitalistes. Ce faisant, il ne s’éloignait pas du marxisme-léninisme, bien au contraire. Ce défenseur de la dictature du prolétariat (démocratie pour le peuple travailleur, mise hors d’état de nuire de la contre-révolution capitaliste et fasciste) prenait appui sur l’analyse de classe de la nation, de la démocratie et de la paix dans la lignée des textes classiques que demeurent Du droit des nations à disposer d’elles-mêmes (Lénine), de Le marxisme et la question nationale (Staline) et du rapport Dimitrov au 7ème Congrès de l’Internationale communiste (1935).
Tant que le PCF s’en est tenu à cette ligne léniniste plaçant à la fois la nation au cœur du combat ouvrier et la classe ouvrière au cœur de la nation, il est resté sans discontinuer le premier parti ouvrier de France, voire le premier parti dans la nation sans discontinuer le premier parti ouvrier de France, voire le premier parti dans la nation : à cette époque, le PCF était une avant-garde militante soucieuse de mettre la classe ouvrière au cœur du rassemblement populaire antimonopoliste, la classe ouvrière de France pouvait empêcher les mauvais coups du patronat, qui craignait la révolution s’il ne lâchait pas à contrecœur du lest et imposer des avancées sociales ; alors, les fascistes étaient marginalisés et une politique internationale indépendance de la France était possible (le PCF soutint avec une grande hauteur de vue les initiatives diplomatiques de De Gaulle, l’adversaire intérieur intransigeant, dès lors qu’elles tendaient à sortir de France l’OTAN, à reconnaître la Chine populaire, à tendre la main à l’URSS – visite du général à Moscou en 1996 – à refuser le primat de l’Europe atlantique sur la France et à dénoncer la politique US au Proche-Orient, en Palestine et en Indochine.
Depuis que le PCF a tourné le dos à cette ligne de classe et de masse, patriotique et internationaliste, depuis que – dès les années 70 notamment – il a cédé aux sirènes de l’antisoviétisme, de l’ « eurocommunisme » et de la « construction européenne » supranationale et capitaliste, depuis qu’il a successivement renié ses références fondatrices à la dictature du prolétariat (1976), au marxisme-léninisme et à l’internationalisme prolétarien (1979), au centralisme démocratique (1991), au socialisme, à la socialisation des moyens de production et à la classe ouvrière (1994), depuis que sous l’influence délétère des « refondateurs », puis du transfuge Robert Hue et de ses successeurs, le PCF s’est abandonné à la suicidaire « mutation » et qu’il a collaboré à plusieurs gouvernements de gestion social-démocrate du capitalisme (Mitterrand-Mauroy, 1981-1984, Jospin 1997-2002).
Depuis qu’il a renié le marxisme-léninisme et la Révolution d’Octobre à la faveur de la contre-révolution triomphante à l’est*, depuis qu’il a renoncé à sortir la France de l’UE atlantique, à défendre le « produire en France » et qu’il se fixe pour but l’impossible « Europe sociale, démocratique et pacifique », depuis que sa commission économique est le meilleur défenseur de l’euro – cette arme mortelle contre les acquis sociaux et les souverainetés populaires – le PCF n’a cessé de se dénaturer, de se déprécier, de s’humilier, jusqu’à devenir aujourd’hui l’appendice hexagonal du « Parti de la gauche européenne », ce frère cadet de la social-eurocratie.
Cette dérive droitière a permis à la social-démocratie de dominer la gauche (en vertu du vieux principe selon lequel les électeurs préfèrent le modèle à la copie), au « syndicalisme » d’accompagnement de paralyser, de diviser et de contaminer la CGT et la FSU, au PS de rallier cyniquement le social-libéralisme et le patronat, à la droite de se fasciser en adoptant les thèmes racistes de Le Pen, au FN de percer dans la classe laborieuse et de convoiter l’Elysée, aux forces racistes, communautaristes, euro-séparatistes, intégristes, « identitaristes » de ressortir du trou où les avaient plongés la défaite de Hitler, le prestige mondial et les sacrifices sans égal de l’Armée rouge et des communistes français pendant la seconde guerre mondiale.
Lourde est la responsabilité des dirigeants opportunistes successifs qui, s’éloignant sans cesse de la voie tracée par Duclos et Thorez, ont rompu l’ancrage révolutionnaire et ouvrier du peuple français en permettant, par leurs abandons maquillés en « modernisations », la dérive droitière et atlantique généralisée du spectre politique français.
Aujourd’hui, notre peuple est pris dans un étau politique : d’un côté, il y a les forces du Parti Maastrichtien Unique (UMP, UDI, PS), qui planifient la dissolution de l’héritage national français progressiste – y compris la lumineuse langue française chérie de Jacques Duclos, ce grand orateur, publiciste et mémorialiste – dans la crépusculaire Europe « transatlantique » ; de l’autre côté, et avec de très nombreuses « passerelles » avec l’autre mâchoire de la tenaille politique, se trouvent les forces ouvertement xénophobes, fascisantes, identitaristes, communautaristes, fanatiques, qui se gravitent autour de l’U.M.’ Pen en gestation. Face à cette tenaille politique qui menace de mettre un point final déshonorant à l’histoire multiséculaire de notre pays, la politique de la prétendue « gauche radicale » française est marquée par l’impuissance : celle de la direction du PCF-PGE, idéologiquement « boboïsée » (dixit Patrice Carvalho), soumise aux intérêts de l’appareil et des élus et incapable de desserrer la tutelle mortelle du PS, et par l’incapacité persistante du Front de gauche à appeler à une rupture franche avec l’euro, l’UE, l’OTAN et le capitalisme lui-même.
C’est pourquoi le PRCF se situe dans la droite ligne de l’héritage de Jacques Duclos quand il appelle à la fois à :
- Construire une organisation d’avant-garde de tous les communistes, y compris à ceux qui demeurent dans le PCF,totalement indépendante politiquement et organisationnellement du PCF-PGE .
- Renforcer le PRCF qui est l’organisation la plus conséquente de ce point de vue dans notre pays et dont le but est de travailler à l’union de tous les communistes pour, le moment venu, réitérer dans les formes d’aujourd’hui le geste salutaire du Congrès de Tours : unir les révolutionnaires, où qu’ils se trouvent provisoirement, et les séparer des naufrageurs réformistes .
- Dès aujourd’hui, sans attendre l’unité future d’organisation, unir dans l’action les organisations franchement communistes en capacité d’appeler la France aux « quatre sorties » : euro, UE, OTAN, dans le but non dissimulé d’aller à la rupture révolutionnaire avec le capitalisme. Dans cet esprit, le PRCF travaille au succès de la manifestation unitaire du 30 mai pour sortir la France de l’UE, de l’euro et de l’OTAN. Il invite en outre les organisations qui constituent les Assises du communisme à préparer ensemble, pourquoi pas à la Mutualité, le 95ème anniversaire du Congrès de Tours en décembre 2015.
- A construire un large Front antifasciste, patriotique et populaire actualisant et enrichissant les grands axes fédérateurs du programme du Conseil National de la Résistance pour unir tous les patriotes républicains et internationalistes sur une plate-forme discutée dans tout le pays ; c’est nécessaire pour isoler les fascistes et le MEDEF (comme le fit le programme du CNR en 1944), le but n’étant pas pour les communistes d’explorer une utopique « troisième voie » entre le capitalisme et le socialisme, mais de briser la domination mortifère du grand capital et de rouvrir la voie révolutionnaire du socialisme pour notre pays : notre conviction est en effet qu’avec les défenseurs capitalistes de l’UE atlantique, tout mouvement progressiste et patriotique un peu sérieux n’aura que le choix de « passer sous la table » ou de « renverser la table ». Comme le disait en effet Lénine, « on ne peut avancer d’un pas si l’on craint d’aller au socialisme ».
- A travailler, si modestement que ce soit, à la reconstruction d’un grand Mouvement communiste international fidèle à ses principes révolutionnaires et à celle du Front anti-impérialiste mondial (ce qui impose à l’échelle européenne de briser la domination du PSE et du PGE sur le mouvement ouvrier et de renforcer l’ « Initiative » des P.C. contre l’UE atlantique).
En travaillant méthodiquement sur tous ces fronts, nous rendrons le plus digne hommage possible au camarade Jacques Duclos, à sa personnalité attachante et à son rôle central et méconnu dans l’histoire de la France, de son parti communiste et du Mouvement communiste international.
INITIATEURS DE CET APPEL :
- LÉON LANDINI Président du PRCF, combattant FTP-MOI,officier de la Légion d’Honneur au titre de la Résistance.
- JEAN PIERRE HEMMEN Vice Président du PRCF,fils de militant communiste FTPF fusillé par les nazis, réprimé pour refus de servir dans l’OTAN sous les ordres d’un ancien général Hitlérien.
- BERNARD PARQUET Vice président du PRCF . Ancien élu PCF . Ancien directeur de l’École Centrale du PCF.
- PIERRE PRANCHÈRE Vice président du PRCF. Combattant FTPF. Ancien membre du CC du PCF. Ancien député.
- GEORGES GASTAUD Secrétaire National du PRCF. Philosophe.Fils de Résistant.
LE SECRÉTARIAT DU PRCF :
- ANNETTE MATEU CASADO Trésorière nationale, fille de républicains espagnols communistes
- JANNIE SANFELIEU Fille de républicain espagnol Résistant.
- BENOÎT FOUCAMBERT
- VINCENT FLAMENT
- JO HERNANDEZ ancien secrétaire de la fédération PCF du Tarn. Président de la Commission Luttes et Entreprises du PRCF
- ANTOINE MANESSIS fils de Résistants. Père EAM-ELLAS (Grèce) Mère FFI (Grenoble)
SIGNATAIRES :
- HENRIETTE DUBOIS adhésion au PCF en 1937. Ancien agent de liaison de l’état major FTPF de la Zone Sud, membre du PRCF.
- DANIELLE BLEITRACH Sociologue
- PIERRE OLIVIER POYARD Rédacteur de la revue littéraire révolutionnaire LA RÉPÉTITION GÉNÉRALE
- Ventureta Sans Ballús, militante pour la République espagnole, association du 14 avril, Barcelone.
- Rose-Marie Serrano (militante pour la III République en Espagne, amie des Républicains espagnols en Région parisienne)
- GILDA LANDINI- GUIBERT professeur agrégée d’histoire
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ETORIX DE ANGELIS. Membre du CC du PRCF. Décoré de l’Etoile d’Or de la République Socialiste du Viet Nam pour services rendus à la réunification (1976)
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AURÉLIEN DJAMENT Mathématicien Chargé de recherches au CNRS
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MARC OLIVIER GAVOIS Rédacteur en chef d’ÉtincelleS revue théorique du PRCF.
- ROGER SILVAIN dirigeant du syndicat CGT Renault Billancourt pendant les grèves de 1968. Président du Front Syndical de Classe.
A titre de document historique, www.initiative-communiste.fr a publié hier l’appel de Jacques Duclos devant le Comité central du PCF à la construction d’un Front national uni contre l’Europe atlantique de la guerre, du chômage et du fascisme renaissant.
ll ne s’agit nullement dans notre esprit de proposer la réédition à l’identique de cette politique : le PRCF pense en effet que dans les conditions actuelles, la lutte pour l’indépendance nationale posera très rapidement la question du socialisme pour la France.
Mais il s’agit de bien montrer, contre les anticommunistes de droite et de « gauche », que la lutte patriotique est au cœur des traditions communistes et révolutionnaires de notre pays et de son mouvement communiste.