En Biélorussie, le président Loukachenko vient d’être réélu président avec plus de 70% des voix. Immédiatement, les forces de droite, brandissant le sinistre drapeau de l’impérialisme européen, descendent dans la rue pour contester l’élection. Le crime de Loukachenko est en effet impardonnable:
Le crime de Loukachenko est en effet impardonnable: comme nous l’apprend l’inénarrable Pujadas, toujours aux avant-postes du conformisme européiste et de l’anticommunisme le plus grossier,
Loukachenko est un ancien membre du PCUS, il n’a pas fait déboulonner les statues de Lénine, l’économie est toujours collectivisée et planifiée, l’industrie biélorusse n’a pas disparu, la Biélorussie refuse d’adhérer à l’UE et à l’OTAN, elle entretient des rapports fraternels avec la Russie et, chose rarissime dans la belle Europe actuelle, « les salaires et les retraites sont toujours payés rubis sur l’ongle ce qui garantit à cet ancien directeur de kolkhoze une grande popularité chez les petites gens » (phrase entendue ce soir même, sur un ton de reproche, au 20 h de France II)!). Ce qui bien entendu est très mal quand on voit l’U.E., poussée par le FMI du « socialiste »Strauss-Kahn et par l’Internationale « socialiste » de Papandréou, imposer partout de gravissimes politiques d’austérité.
Immédiatement, on voit donc toute la vraie droite et toute la fausse gauche européistes et ANNEXIONNISTES sommer la Biélorussie de traiter avec douceur les opposants, comme si les jeunes qui ont manifesté contre Sarkozy au soir du 6 mai 2007 n’avaient pas été massivement matraqués et condamnés de manière expéditive par la justice de classe!
Comme si plusieurs milliers de salariés et de jeunes actifs dans les blocages n’avaient pas été malmenés ou réquisitionnés par l’appareil répressif d’Hortefeux lors du mouvement pour sauver les retraites ! Comme si la répression antisyndicale ne frappait pas durement tous ceux qui contestent l’ordre néolibéral qui est en train de plonger dans la régression sociale et dans l’humiliation nationale des pays entiers, de l’Irlande au Portugal, de l’Islande à la Grèce en passant par l’Espagne et par la Roumanie! Comme si dans TOUS les ex-pays socialistes de l’Est, les sondages ne montraient pas de manière massive que les peuples, expérience faite, regrettent massivement les acquis bien réel des régimes socialistes et ne condamnent pas massivement l’intégration européenne capitaliste et atlantique, synonyme de misère pour les masses, de perte de l’indépendance nationale, d’américanisation forcenée de la culture et de dictature du FMI et de l’OMC!
La réalité, c’est que dans l’Europe actuelle, tout ce qui va dans le sens de l’exploitation capitaliste est célébré comme une « avancée démocratique » même s’il s’agit des pires régressions sociales et démocratiques.
Notre propos n’est nullement de dire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes dans la Biélorussie de Loukachenko: mais tout simplement, il revient aux Biélorusses de faire la loi dans leur pays sans que la dictature européenne et ses parrains américains viennent dicter leur loi aux Biélorusses. Puissions-nous également, dans notre propre pays vassalisé, décider de notre avenir économique et social, préserver notre langue de l’invasion du tout-anglais, rétablir notre souveraineté monétaire, politique, diplomatique, etc., sans recevoir sans cesse les diktats de Bruxelles et de Berlin, relayés sur notre sol par un pouvoir qui préfère les marchés internationaux à son propre pays.
La situation en Côte-d’Ivoire est évidemment très différente de celle de la Biélorussie. Néanmoins, c’est encore la question du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes qui constitue la dimension centrale de la situation politique tendue de ce pays d’Afrique.
Mais quelle que soit le jugement qu’on peut porter sur Gbagbo, membre de l’Internationale socialiste, et sur Ouattara, homme-lige du FMI et de la « Communauté internationale », -c’est-à-dire en réalité de l’impérialisme euro-atlantique-, il revient aux Ivoiriens et à eux seuls, avec l’aide au besoin des peuples africains frères, de rétablir la concorde civique menacée. Sarkozy, l’homme du « discours de Dakkar » qui a insulté « l’homme africain » et l’accusant de ne « pas être entré dans l’histoire », est le dernier à pouvoir faire preuve d’arrogance au sujet de l’avenir de la Côte-d’Ivoire. Chacun sait que derrière le régime UMP, ce sont les sociétés transnationales de la « Françafrique », qui se mue de plus en plus en « Franceuropafric » qui parle, somme, commande! Les propos tenus par Sarkozy ne peuvent que pousser à l’affrontement et à la guerre civile en Côte-d’Ivoire tout en attisant le ressentiment contre notre pays et contre les travailleurs français qui vivent en Afrique.
Il revient aux Ivoiriens, il revient aux Africains et à eux seuls, de régler le problème ivoirien en ouvrant des perspectives démocratiques, nationales et sociales à ce pays que le régime néocolonialiste de Houphouët-Boigny a laissé dans un état critique. Quant à l’Europe et aux USA, attendre d’eux qu’ils règlent les problèmes d’autrui alors qu’ils sont la principale cause d’oppression, d’injustice et de misère dans le monde, ce serait aussi intelligent que d’attendre d’Al Capone qu’il se transforme en Père-Noël.
Plus que jamais, l’impérialisme est l’ennemi majeur des peuples, de la paix. Plus que jamais, défendons le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et souvenons-nous du mot de Jean Jaurès: « la souveraineté politique du peuple est le socle de l’émancipation sociale »