Le 23 janvier se tenait un sommet dit du « Plan B ». L’économiste Frédéric Lordon y est intervenu dans le cadre d’une table ronde intitulé « L’euro, à quelles conditions? ». Et sa réponse est très claire, la même que celle que porte le PRCF depuis maintenant plus de 10 ans – dans la continuité du combat des militants communistes pour la démocratie et l’internationalisme – l’euro il faut en sortir !
Alors pour la sortie de l’euro, quand parlerons nous tous d’une seule voix ? Le PRCF a fait des propositions dans ce sens renouvelées à travers plusieurs lettres ouvertes que vous avez pu et pourraient lire sur www.initiative-communiste.fr. Les militants du PRCF avec un large rassemblement de militants, de syndicalistes, d’intellectuels et de simples travailleurs a lancé et mis à disposition une pétition pour mener une campagne pour un referendum sur l’euro et l’Union Européenne. Pour que tous ensemble nous mobilisions pour remettre le peuple à l’offensive.
Dans une France sous état d’urgence, dans une France où l’extrême droite et la droite extrême monte en flèche, dans une UE qui alimente l’Eurofascisation des pays baltes à l’Ukraine et menace chaque jour un peu plus la paix mondiale, alors que la Commission Européenne finalise le traité de Grand Marché Transatlantique, le moment ne peut plus seulement celui du discours. C’est aussi celui de l’action. Chacun peut et doit prendre ses responsabilités.
Verbatim de l’intervention de Frédéric Lordon :
« Si elle n’avait pas peur de son ombre, c’est la Gauche qui pourrait porter une différence politiquement digne. La différence de la sortie de l’euro, la différence de la souveraineté démocratique restaurée, la différence du verrou à toute politique progressiste possible enfin tiré, la différence de l’internationalisme réel. Si elle se libère de tous les interdits imaginaires, et de toutes les inconséquences qui ont jusqu’ ici terriblement pesées sur la question de l’euro, le plan B n’a pas d’autre sens que d’être le porteur historique de cette différence, et au point où nous en sommes disons le avec emphase le seul restaurateur possible de la démocratie. Mais encore faut il qu’il aie les idées un peu claires, et moins au ventre cette pusillanimité qui a conduit Tsipras à tous les renoncements à toutes les défaites et malheureusement pour finir à toutes les humiliations.
Les idées claires c’est de savoir pourquoi on se met en mouvement et pourquoi on lutte. S’il ne veut pas être B comme broutille ou B comme Bricolage, le plan B ne peut pas viser moins que l’objectif maximal qui n’est en fait que le minimum admissible, l’objectif de la pleine démocratie. La pleine démocratie, c’est la déconstitutionalisation intégrale de toutes les dispositions relatives à la politique économique et leur rapatriement dans le périmètre de la délibération politique ordinaire. Mais c’est cette chose même qui est radicalement impossible. Si bien que l’euro démocratisé est une entité qui a à peu près autant de réalité qu’un cercle carré. L’expérience décisive pour s’en convaincre serait celle qui consisterait à aller demander simplement aux électeurs allemand s’ils accepteraient que le statut de la banque centrale la nature de ses missions la possibilité du financement monétaire des déficits, le niveau de ces déficits, le niveau des dettes, la possibilité de les annuler, que toutes ces choses soient remises à la délibération ordinaire d’un parlement européen et moyennant bien sûr le risque que les positions allemandes en cette manière soient mises en minorité, car en première approximation c’est cela la démocratie, et bien la réponse ne devrait pas tarder à venir. Et elle ne sera probablement pas celle qu’escompte les amis de « l’euro démocratique » ou ceux du parlement de l’euro. Car je le dis en passant voila bien une des aberrations paradoxale et caractéristique du pouvoir d’intimidation de l’euro que l’on y voit des représentants de la gauche radicale et des représentants de la social démocratie la plus inoffensive faire cause commune autour des mêmes illusions et se retrouver dans le même effarouchement à mettre en question ce qui doit l’être. Le plan B comme broutille se serait de mollir sur le seul engagement qui vaille, celui de démocratie totale et de monter une machine de guerre en carton pâte pour récupérer quelques annulations de dettes ou bien l’autorisation d’un point supplémentaire de déficit budgétaire. En laissant bien évidemment intact tout le reste de la structure antidémocratique.
Alors on peut bien si on veut faire comme Tsipras et d’autres après lui hélas, et repousser le plus longtemps possible le moment où les contradictions sont mises à nues. Ne plus avoir l’austérité et rester dans l’euro, avoir l’euro et la démocratie, ces promesses là sont intenables. Car elles sont contradictoires. Et pire que contradictoires, sans compromis possibles.
Mais si elle veut sortir de l’inanité la Gauche va devoir guérir de cette plaie d’époque qui est l’inconséquence. C’est à dire apprendre à vouloir les conséquences de ce qu’elle veut. Veut elle vraiment la démocratie ? alors elle ne peut pas vouloir rester dans l’euro. On ne sauvera rien en concédent sur les principes les plus fondamentaux de la politique car on n’a jamais rien sauver au prix de la démocratie. En général, avant de partir en guerre il vaut mieux être au clair sur les buts de guerre. Sauf pour les ramasseurs de tisanes, le ramassage des queues de cerises n’a aucun intérêt. Il appartient donc désormais à la gauche du plan B de savoir si elle veut faire dans l’infusion de type « Bonne nuit » ou bien savoir si elle a enfin retrouver le gout de la vraie politique.
je vous remercie
Frédéric Lordon – 23 janvier 2016 – sommet du plan B »
A revoir, en vidéo, le débat sur la question de l’euro et de l’UE sur le stand du PRCF à la fête de l’Huma 2015
La totalité de l’intervention de F Lordon : (source)
Paris le 23/01/2016Retranscription intégrale faite par Vincent Christophe Le RouxPour voir la vidéo, aller ici. Lordon intervient de 9’10 à 26′Écoutez, je ne vais dire ni des choses très techniques, ni des choses très nouvelles. Je ne vais pas présenter de schéma d’architecture monétaire alternative. Je voudrais simplement insister sur ce que me semblent être les enjeux fondamentaux de ce qui peut se donner sous le nom de plan B.Et je voudrais commencer en faisant observer tout de même qu’il y a des manquements à la rationalité élémentaire de l’apprentissage qui ne sont plus seulement des fautes intellectuelles mais quasiment des crimes politiques, des attentats à l’espérance en tout cas. Celles par exemple que le verrou de l’euro annulent radicalement et que tirer ce verrou peut seul restaurer.Alors même que l’analyse de l’impasse néolibérale européenne, d’une forme de tyrannie bureaucratique annulant toute possibilité de compromis pouvait être faite depuis très longtemps, il en est que le spectacle d’un gouvernement de gauche – grec, en l’occurrence – tabassé dans les arrière-boutiques de l’eurozone ne suffit toujours pas à déciller et qu’eux-mêmes un peu sonnés continuent à chercher l’introuvable et à vouloir l’impossible : l’euro progressiste et démocratique, cet équivalent monétaire de l’éléphant rose ou du grand serpent à plumes. Et c’est comme si cette gauche rejoignait, qu’elle le veuille ou non, qu’elle s’en aperçoive ou non, le grand parti unifié de l’eurolibéralisme, au moins en ce qui constitue en réalité son dernier argument, j’entends par là le fétichisme de l’euro : l’euro intransitif, l’euro pour l’euro quelles qu’en soient les conséquences. Car finalement, à la question « Pourquoi l’euro ? » l’européiste intransitif et ses partisans ne savent répondre rien d’autre que « Parce que » ou quand ils s’essayent à dire autre chose – soyons honnêtes, parfois ils s’y essayent – on en tire rarement autre chose qu’une profession de foi de Miss France – je veux dire de Miss Europe bien sûr – dont le gros de l’argument consiste en la paix et l’amitié entre les peuples. Et comme tous es grands somnambules, et pour ne pas les faire dérailler du podium, il est sans doute risqué de les tirer de leur sommeil halluciné pour leur faire observer que d’après leurs propres critères en bikini, la construction européenne est un terrible échec. Jamais on n’y a observé autant de tensions politiques de toutes sortes, et bien prêt du point critique désormais. Extrême droite nationaliste aux portes du pouvoir, séparatisme endémique, peuples montés les uns contre les autres, etc. etc.Si la construction européenne échoue à ce point, et selon ses propres critères, c’est sans doute que quelque chose a été mal pensé en cours de route mais quoi ? À cette question, la réponse est la suivante : ce qui a été mal pensé – et en réalité pas pensé du tout – ce sont les conditions de la possibilité de la constitution d’une communauté politique. L’eurozone crève de ne pas être une communauté politique. La vérité cependant, c’est qu’elle n’a jamais voulu l’être, en tout cas pas au sens d’une communauté politique démocratique. Peut-elle le devenir ? C’est là toute notre question.À cette question, je pense, hélas, que la réponse est non, et que, après tant d’années perdues, il va être temps de l’admettre. La réponse est non d’abord parce que, contrairement à une légende urbaine médiatiquement colportée, libéralisme et démocratie sont loin d’être de parfaits synonymes. Disons plutôt que doctrine à l’usage des dominants, le libéralisme tolère très bien d’être à géométrie variable. Par exemple, le néolibéralisme européen ne voit aucun problème à être un « illibéralisme » politique foncièrement antidémocratique. Or jusqu’à peu le néolibéralisme était la tendance générale de tous les États-membres. Et puis, il y a eu Syriza ! Y’a Podemos, y’a la coalition portugaise, des alternatives un peu balbutiantes, timorées même sur cette question décisive de l’euro, mais enfin les choses semblent pouvoir changer et l’espoir semblerait renaître.Je dis cependant que les choses changeraient-elles davantage, viendrait tôt ou tard le moment où elles buteraient sur un obstacle singulier, et singulièrement résistant, je veux parler de l’Allemagne.Est-il encore possible de parler de l’Allemagne en France ? Il le faudrait pourtant et d’autant plus que rien n’interdit en principe de cheminer entre les écueils du déni et de l’éructation germanophobe, la catastrophe étant cependant que le risque de la seconde conduit systématiquement au premier, et qu’à force d’avoir peur des mauvaises pensées, on s’interdit de penser tout court, et en particulier l’idiosyncrasie monétaire allemande. C’est qu’une telle panique intellectuelle s’est abattue sur la gauche qu’il est devenu à peu près impossible de penser quoi que ce soit de cet ordre. Il faut en effet que se soit produite une terrible régression théorique pour qu’une telle analyse soit grossièrement ramenée à une évidemment aussi aberrante psychologie de l’esprit des peuples, ou liquidée plus clairement encore sous une objection d’essentialisme qui est ici l’asile de l’ignorance volontaire et du refus d’analyser.Faudrait-il renoncer par exemple à penser le rapport particulier de la société américaine aux armes à feu ou bien celui de la société française à la laïcité, ou à l’État, de peur de tomber dans tout essentialisme américanophobe ou francophobe ?Les sciences sociales me semble t-il, notamment historiques, n’ont-elles pas entre autres pour objet de mettre en évidence les imaginaires communs et d’analyser les croyances collectives de longue période que seules des sciences dites humaines – notamment économiques – égarées dans l’individualisme méthodologique ont totalement perdu de vue.Le drame de l’époque, c’est qu’on doive faire de pareils préalables pour avoir quelque chance d’installer une discussion analytique un peu sérieuse sur la question allemande, discussion analytique sérieuse dont le critère même est qu’on puisse l’avoir en présence de nos camarades allemands, une discussion que je ne peux évidemment pas développer ici in extenso mais que je ramène à ses points essentiels :1/ Il n’est pas contestable que tous les États membres, emportés depuis des décennies par la vague néolibérale, ont validé avec enthousiasme les principes idéologiques de l’eurozone et en sont co-responsables, tous !2/ Cette unanimité ne doit pas empêcher de voir que parmi tous ces États l’Allemagne joue à quelque chose qui n’appartient qu’à elle parce qu’elle l’a hérité de son histoire qui est une histoire singulière.3/ Entre hantise et conjuration des traumatismes du passé et réinvestissement symbolique dans une identité de substitution, la société allemande a noué avec la monnaie un rapport qui n’a pas d’équivalent en Europe et dont on peut dire qu’il est un rapport métapolitique, en cela qu’il diffère en nature et en temporalité aussi d’avec les idéologies politiques ordinaires.4/ Il s’en est suivi que l’adoption de son modèle institutionnel, et notamment la sanctuarisation des principes de politique monétaire et budgétaire dans des textes intouchables – ceux des traités – ont été les contreparties sine qua non de l’entrée de l’Allemagne dans l’eurozone. Dès cet instant, le caractère antidémocratique de l’euro était scellé car on sort de la démocratie du moment que les orientations fondamentales de la politique économique se trouvent soustraites à la délibération de toute instance parlementaire ordinaire.5/ Il est vrai cependant que comme toute formation politique, fut-elle de longue période, la croyance monétaire allemande, produite par l’Histoire, passera avec l’Histoire.6/ Et comme toute croyance d’ailleurs, celle-là ne fait nullement l’unanimité dans la société allemande. Qu’elle ait ses dissidents, à l’image précisément de nos camarades qui sont ici présents, n’empêche pas que pour l’heure ses racines sont profondes. Je signale cette donnée élémentaire d’une rustique interprétation des pratiques monétaires : que 80% des paiements en Allemagne sont faits en liquide contre 56% en France et 46% aux États-Unis. Un chiffre significatif sans doute ! Et que l’usage des cartes de crédit y fait vraiment l’objet d’une réprobation sociale. Je dis ça à l’adresse de ceux qui pensent que la fixation monétaire est la seule affaire des élites allemandes ou du capital allemand et que le reste de la société en serait affranchi. Il n’en est rien et il y aurait tant d’autres indices à donner…7/ Sachant où se trouve le centre de gravité de la société allemande sur cette question monétaire, il faut alors se demander quelles sont les chances de le voir se déplacer, avec quelle amplitude et surtout à quelle vitesse. Si, comme je le crois, c’est une affaire de longue période, le problème est qu’il y a des populations en Europe qui n’ont plus le temps d’attendre.On peut alors reprendre synthétiquement tous ces éléments en disant ceci :Il y a en Europe le problème général du néolibéralisme mais ce problème général connaît une complication particulière qui est la complication ordolibérale allemande.Pourquoi est-ce que j’accorde autant d’importance à l’idiosyncrasie monétaire allemande ? Parce que c’est le verrou du verrou et que j’en fais le cœur d’une anticipation raisonnée qui pourrait nous faire gagner du temps en nous faisant parcourir, par la pensée, le processus du plan A pour se rendre immédiatement à son terminus. En bout de course, et même les autres difficultés vaincues, la complication allemande est, j’en ai peur, l’ultime obstacle sur lequel buteraient les tentatives de reconstruction d’un euro démocratique. Car si par extraordinaire un tel projet venait à prendre consistance, c’est l’Allemagne – il faut en être bien persuadés – qui prendrait le large, peut-être accompagnée d’ailleurs ! Et voilà l’hypothèse systématiquement oubliée, la tache aveugle par excellence, le Grexit ! Et le paradoxe de l’autre euro, de l’euro démocratisé, c’est qu’il échouerait au moment où il s’apprête à réussir, du fait même qu’il s’apprête à réussir.C’est ce terminus qui condamne le plus rédhibitoirement le processus dont par ailleurs la probabilité qu’il prenne seulement naissance est des plus faibles. C’est que l’ouverture d’une épreuve de force au sein de l’eurozone suppose sensiblement plus qu’un sympathique parti progressiste européen. Il y faut l’évènement effectif et simultané d’un nombre suffisant de gouvernements vraiment de gauche. Mais quel temps n’a-t-il pas fallu pour que se produise en Grèce la première véritable alternance politique dans l’Union européenne ? Et quelle serait la probabilité jointe de l’alignement de planètes que je suis en train d’évoquer ? Elle est quasi nulle et tout le monde le sait ici.Parmi les nombreuses erreurs intellectuelles de l’internationalisme, de l’internationalisme imaginaire, il y a celle qui consiste à attendre, l’arme au pied, la synchronisation du soulèvement continental. Eh bien à ce compte-là, et tels les hallebardiers de l’opéra chantant « Marchons, marchons » en piétinant sur place, l’euro a encore de beaux jours devant lui avec des opposants comme nous.Il y a une et une seule conclusion à tirer de tout cela. La conclusion de l’internationalisme réel. L’internationalisme réel ce n’est pas le guet sans fin devant le désert des tartares mais la coordination des gauches européennes pour travailler partout à l’avènement de la rupture et de la sortie et puis pousser le premier qui sera en situation de l’effectuer, sans qu’il ait à attendre les autres !L’internationalisme réel c’est aussi l’abandon de cette aberration qui ne fait plus mesurer les liens entre les peuples qu’à l’aune de l’intégration monétaire, de la circulation des marchandises ou de celle des capitaux. Et c’est a contrario le tissage de tous les autres liens possibles et imaginables – scientifiques, artistiques, culturels, étudiants, technologiques et industriels etc. etc. L’internationalisme réel, c’est enfin de sortir de l’intimidation, de l’intimidation par l’extrême-droite nationaliste, ou plus exactement de l’intimidation par l’eurobloc libéral qui n’a plus que cet argument-là en stock.Sans doute l’extrême-droite est-elle abominable mais elle est tellement providentielle puisqu’elle permet de traiter de « nationaliste xénophobe » tous ceux qui projettent de s’extraire de la cage de fer. C’est bien simple : si le FN n’existait pas en France, il faudrait l’inventer !Et le pire, c’est qu’il est une gauche assez bête pour se laisser terroriser, parfois même ajouter son propre concours à cet argument aussi infâme qu’il est spécieux. Car pour des raisons qui tiennent à la fois aux craintes de son électorat âgé, à son idéologie économique invertébrée et aux collusions qui s’établissent déjà avec le capital, un FN parvenu au pouvoir ne ferait pas la sortie de l’euro. Et c’est bien ici que les fautes intellectuelles deviennent des désastres politiques. La gauche effarouchée se sera donc laissée dépouiller sans combattre d’une alternative que son ravisseur n’exploitera même pas. Splendide résultat ! Et de quelle alternative parlons-nous ? De la seule en réalité capable de faire une différence radicale, une de ces différences que le corps social crève de ne plus jamais se voir proposer sur la scène des partis dits de gouvernement, désormais réduits à la grille continue de la droite générale. C’est bien pourquoi morts de faim politique, le peuple se jette avec avidité sur la moindre différence qui passe dans son champ de vision, fut-ce la pire, la plus mensongère, portée par les plus immondes démagogues car au moins c’est une différence et que, par là, il a le sentiment de respirer à nouveau.Si elle n’avait pas peur de son ombre, c’est la gauche qui pourrait porter une différence politiquement digne : la différence de la sortie de l’euro, la différence de la souveraineté démocratique restaurée, la différence du verrou à toute politique progressiste enfin tiré, la différence de l’internationalisme réel.S’il se libère de tous les interdits imaginaires et de toutes les inconséquences qui ont jusqu’ici terriblement pesé sur la question de l’euro, le plan B n’a pas d’autre sens que d’être le porteur historique de cette différence. Et au point où nous en sommes, disons-le avec emphase, le seul restaurateur possible de la démocratie.Mais encore faut-il qu’il ait les idées un peu claires et moins au ventre cette pusillanimité qui a voué Tsipras à tous les renoncements, à toutes les défaites et malheureusement, pour finir, à toutes les humiliations.Les idées claires, c’est de savoir pourquoi on se met en mouvement et pourquoi on lutte. S’il ne veut pas être B comme broutille ou comme bricolage, le plan B ne peut pas viser moins que l’objectif maximal, qui est en fait le minimum admissible : l’objectif de la pleine démocratie.La pleine démocratie, c’est la déconstitutionnalisation intégrale de toutes les dispositions relatives à la politique économique et leur rapatriement dans le périmètre de la délibération politique ordinaire. Mais c’est cette chose même qui est radicalement impossible si bien que l’euro démocratique est une réalité qui a à peu près autant de réalité qu’un cercle carré. L’expérience décisive, pour s’en convaincre, serait celle qui consisterait à aller demander simplement aux électeurs allemands s’ils accepteraient que le statut de la Banque centrale, la nature de ses missions, la possibilité du financement monétaire des déficits, le niveau de ces déficits, le niveau des dettes, la possibilité de les annuler, que toutes ces choses soient remises à la délibération ordinaire d’un Parlement européen. Et moyennant bien sûr que les positions allemandes en cette matière soient mises en minorité. Car en première approximation, c’est ça la démocratie ! Eh bien la réponse ne devrait pas tarder à venir… Et elle ne sera certainement pas celle qu’escomptent les amis de l’euro démocratique ou ceux du Parlement de l’euro. Car, je le dis en passant, voilà bien une des aberrations paradoxales et caractéristiques du pouvoir d’intimidation de l’euro : qu’on y voit des représentants de la gauche radicale et d’autres de la social-démocratie la plus inoffensive faire cause commune autour des mêmes illusions et se retrouver dans le même effarouchement de mettre en question ce qui doit l’être.Le plan B comme broutille, e serait de mollir sur le seul engagement qui vaille : la démocratie totale et de monter une machine de guerre en carton-pâte pour récupérer quelques annulations de dettes, ou bien l’autorisation d’un point supplémentaire de déficit budgétaire en laissant bien sûr intact tout le reste de la structure antidémocratique.Alors on peut bien, si l’on veut, faire comme Tsipras et d’autres après lui, hélas, et repousser le plus longtemps possible le moment où les contradictions sont mises à nu : ne plus avoir l’austérité et rester dans l’euro, avoir l’euro et la démocratie. Ces promesses-là sont intenables car elles sont contradictoires, et pire que contradictoires, sans compromis possible. Mais si elle veut sortir de l’inanité, la gauche va devoir guérir de cette plaie d’époque qu’est l’inconséquence, c’est-à-dire apprendre à vouloir les conséquences de ce qu’elle veut.Veut-elle vraiment la démocratie ? Alors elle ne peut pas vouloir rester dans l’euro.On ne sauvera rien en concédant sur les principes les plus fondamentaux de la politique car on n’a jamais rien sauvé au prix de la démocratie.En général, avant de partir en guerre, il vaut mieux être clair sur les buts de guerre. Sauf pour les amateurs de tisanes, le ramassage des queues de cerises n’a aucun intérêt. Il appartient donc désormais à la gauche du plan B de savoir si elle veut faire dans l’infusion et puis « bonne nuit » ou bien si elle a enfin retrouvé le goût de la vraie politique.Je vous remercie.
Tiens, un troisième parti anti Union-Européenne, après le M’P.E.P. et l’U.P.R., cela me rassure, la relève est prête, enfin, pas tout à fait, ces partis sont jeunes et sans grand écho.
Bon, moi, je ne pose pas de jugement de valeur, ce n’est pas tant que je sois d’un vide idéologique, mais les événements qui vont suivre me forcent, pour l’instant, à une position en retrait.
Pour en revenir aux paroles de Monsieur Lordon, ce qu’il nous a montré là n’est ni plus ni moins qu’une sortie de l’Union-Européenne, celle-ci fut en effet construite de telle sorte qu’il y ait un double blocage, institutionnel et politique, à cela s’y rajoutant un troisième obstacle et de taille, une doctrine néolibérale ayant envahi quasiment tous les esprits.
Ainsi, c’est l’ensemble de ce système qu’est l’U.E. qui ne peut être, en aucune façon, amendé.
Touchez y d’une seule virgule et c’est toute l’union qui dégringole, qui se désagrège.
Donc, maintenant, que le discours soit clair, qui vise l’euro vise l’U.E..
Mais il faut également comprendre que cette dernière est déjà en train de se désintégrer, pour divers raisons, la question des migrants y est bien entendu importante, mais elle n’est pas la seule, loin de là.
Que ce soit de l’ultra-fragilité des banques, du triple blocage parlé plus haut, du délitement de l’empire U.S. et de son processus secondaire mais crucial, celui de la déstructuration de son gouvernement central, des pressions que les divers intérêts géostratégiques exercent sur chaque pays de l’union, la faillite progressif de chaque nation, même l’Allemagne n’y réchappant pas, l’insuffisance maladive du bureau européen doublé de sa tentative de prendre les commandes des pays de l’union et, surtout, l’effondrement en cours de l’économie-mondialisé, les causes de ces mécanismes centripètes étant plus nombreux que ça encore.
Un pouvoir est comme un fruit, il ne tombe que quand il est mûr, même si il faut parfois le cueillir.
Mais faut-il encore y être prêt.
Nouveau parti ? non le PRCF est un pôle qui a été créé maintenant il y a 11 ans, bien avant que les dirigeants de l’UPR ne quittent l’UMP.
Non pas pour attendre que les choses se passent mais bien pour s’activer pour que les choses changent. Vraiment et rapidement.
Cher Theuric, avez vous signé la pétition pour un referendum sur l’Euro et l’UE ?