Annie Lacroix Riz Historienne professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris VII – Denis Diderot. l’une des toute meilleure spécialiste de la période de l’entre deux guerre, auteur de nombreux ouvrages de référence ( publie chez Armand Collin un nouvel ouvrage
Les élites françaises entre 1940 et 1944
De la collaboration avec l’Allemagne à l’alliance américaine
A travers les 500 pages de ce nouveau livre très fouillé, Annie Lacroix-Riz historienne s’appuie sur ses recherches les plus récentes exploitant des archives inédites issues notamment de la Haute Cour de justice mais également des archives de Washington.
Les classes dirigeantes françaises, confrontées à un peuple jugé trop rétif, ont pris au 19e siècle l’habitude de s’appuyer sur des homologues étrangères, plus puissantes et plus sûres d’elles. Au siècle suivant, elles ont opté tour à tour ou conjointement pour leurs partenaires d’Allemagne et des États-Unis.
À l’été 1940, au terme d’une décennie de crise, triompha avec Vichy le tutorat allemand qu’elles avaient mûrement préparé. C’est leur « Collaboration » politico-policière avec le Reich vainqueur, règlement de comptes contre une partie importante de la population, qui est étudiée ici : cette alliance, toujours mortifère, ne se bornait pas à ceux qui occupent en général le devant de la scène, les spécialistes étatiques de la répression, les hommes de main ou les collaborationnistes de plume toujours associés aux crimes.
L’attachement durable des classes dirigeantes françaises au tuteur allemand et au tandem Laval-Pétain, qu’elles avaient choisi dès 1934, se prolongea souvent jusqu’à la libération de Paris. Il n’affecta cependant ni l’excellence de leur information ni leur extrême sensibilité au rapport de forces militaires, qui balaya dès l’été 1941, avec la mort du Blitzkrieg à l’Est, leur certitude initiale d’une victoire allemande durable sur le continent européen.
Cette réalité dicta leur ralliement à la Pax Americana, du grand capital financier aux chefs militaires et au haut clergé, ralliement aussi spectaculaire qu’ignoré des foules : endosser « les habits neufs de la collaboration » permettrait de maintenir intact le statu quo. L’objectif semblait à portée de main quand les Américains promurent, en débarquant en Afrique du Nord en novembre 1942, leurs protégés Darlan et Giraud. D’ordinaire simple formalité pour le capital financier, la question du pouvoir politique pour l’après- Libération se transforma pourtant en brûlot.
De Gaulle n’aimait pas la tutelle américaine plus que l’allemande et n’était pas disposé à céder l’Empire : élites françaises et Américains le détestèrent en chœur bien qu’il n’eût jamais été un modèle de subversion et fût entouré dès l’origine de « gens très bien ». Comme il était soutenu par le peuple français, très au-delà de sa mouvance, décideurs français et américains durent, à contrecœur, s’en accommoder…
Annie Lacroix-Riz présentera ses travaux à la librairie La Balustrade – Rue d’Alsace PARIS 10E – métro gare du nord le jeudi 12 mai (Info et réservation cliquez ici)
A la table des matières :
- Hommes politiques, journalistes et idéologues.
- Les « journalistes comme Brinon » : « Des mots » aux crimes franco-allemands.
- « Les militaires ».
- L’Eglise romaine. Les « hommes d’affaires comme ceux du Creusot » : la synarchie en gloire allemande.
- L’oeil sur Washington, 1940-1941. L’avenir américain se précise, 1942.
- Du choc de Stalingrad aux prémices de l’américanisation du gaullisme.
- Vers la Libération.
- D’un occupant à l’autre
Bibliographie :
- « Les grandes banques françaises : de la collaboration à l’épuration, 1940 – 1950 » 1986
- Industriels et banquiers français sous l’Occupation – 1999
- Le Choix de la défaite et De Munich à Vichy: l’assassinat de la Troisième République
- Les Élites françaises et la collaboration économique – 1994 – Censuré par la revue Etudes et Documents
Lacroix Riz est une des très rares pour ne pas dire la seule historienne à explorer cette alliance de l’oligarchie française avec le nazisme pour prendre le pouvoir en 1940. J’ai écrit un roman qui va dans ce sens en suivant le sabotage de plusieurs généraux de l’armée de l’air en mai 1940. « Affaires d’honneur- La prise de pouvoir par les fascistes français en huit jurs de mai 1940 ». Disponible en version électronique, voir mon blog : pierre-grenet.net