ET MAINTENANT ILS ASSASSINENT UN MANIFESTANT PALESTINIEN HANDICAPÉ ! et maintenant ils emprisonnent des enfants!
Sur son fauteuil roulant, il était devenu l’emblème de la colère palestinienne. Ibrahim Abou Thouraya, amputé des deux jambes à la suite d’un bombardement israélien, manifestait ce vendredi 15 décembre à la frontière entre Gaza et Israël lorsqu’il a été tué par un tir israélien.
Une fois son décès annoncé, des images incroyables de ce Palestinien de 29 ans lors de précédentes manifestations, marchant sur les mains et grimpant à des pylônes malgré son handicap, ont rapidement circulé sur internet. Un hommage pour une icône.
Infatigable manifestant
Il avait échappé à la mort une première fois. Ibrahim Abou Thouraya avait, en effet, perdu les deux jambes en avril 2008, lors d’une incursion militaire israélienne près du camp de réfugiés d’Al-Bureij dans le centre de la bande de Gaza. « Il avait été blessé par les tirs d’un hélicoptère israélien […] après avoir fait tomber un drapeau israélien et hissé un drapeau palestinien le long de la frontière », raconte à l’AFP son frère Samir.
Depuis ce drame, il se déplaçait en fauteuil roulant et vivait dans la maison de ses parents. Mais pour le Palestinien, pas question de louper une seule manifestation pour Jérusalem.
L’ONU par la voix du Haut Commissaire aux droits de l’Homme, Zeid Ra’d al Hussein a condamné l’assassinat du militant palestinien, faisant part de son incompréhension citant ses « handicaps sévères, qui ne pouvaient pas ne pas être vus de celui qui l’a assassiné ».
Dans le même temps, et parmi des dizaines d’autres assassinats, des centaines d’arrestations, c’est l’arrestation d’une fille de 16 ans, surnommée Shirley Temper qui a soulevé l’indignation de la communauté internationale. Car il faut le dire, les troupes d’occupation israelienne s’en prennent bel et bien aux enfants palestiniens.
La farce de la « solution à deux États » – par Bruno Guigue
Vendue à l’étalage des épiceries occidentales depuis 1993, la “solution à deux États” est un produit frelaté, une escroquerie notoire. La capitulation de l’OLP a offert à l’occupant, comme sur un plateau, l’opportunité inespérée d’accélérer la colonisation. Le désarmement unilatéral de la résistance a livré la Palestine en pâture aux appétits sionistes. Catastrophe politique, le processus d’Oslo a corrompu l’élite palestinienne et plongé ce mouvement national de libération, qui faisait jadis la fierté du monde arabe, dans les affres de la division.
Avec la complicité des dirigeants du Fatah, la colonisation sioniste a pulvérisé Jérusalem-Est et la Cisjordanie, tuant dans l’œuf la possibilité concrète d’un État palestinien. Comment peut-on bâtir un État viable sur les fragments épars d’un territoire rabougri ? Truffée de colonies, la Palestine a été laminée par le rouleau compresseur de l’occupation, rayée de la carte par la conquête sioniste. La Palestine d’Oslo n’est même pas un embryon d’État. C’est un mensonge auquel se cramponne une Autorité palestinienne moribonde et discréditée.
C’est la faute des “extrémistes des deux camps”, dit-on parfois. Mais depuis quand le colonialisme est-il empreint de modération ? Et où a-t-on vu un peuple colonisé s’en remettre à la générosité du colonisateur pour obtenir justice ? Un artifice commode consiste à renvoyer dos-à-dos l’occupant et l’occupé, comme si une responsabilité partagée pesait sur leurs épaules. Il permet à la conscience occidentale de s’en tirer à bon compte en affirmant que tout est de la faute du Hamas et de Nétanyahou.
La réalité du conflit dépasse de loin, pourtant, ces deux protagonistes. Le sionisme n’est pas un nationalisme ordinaire, c’est une entreprise d’éradication. L’idée que deux États puissent coexister sur le territoire de la Palestine historique n’a aucun sens. Colonialistes lucides, les sionistes le savent bien. Icône du “processus de paix”, le premier ministre Itzhak Rabin déclara devant la Knesset, en 1995, qu’il n’était pas question de créer un État palestinien, pas même un embryon d’État, ni maintenant, ni demain.
Bien entendu, on peut faire l’autruche et rêver d’un sionisme imaginaire, mais le sionisme réellement existant a peu d’appétence pour le partage territorial avec des autochtones récalcitrants. Ce qu’il veut, c’est toute la Palestine, “une Palestine juive comme l’Angleterre est anglaise”, selon l’expression employée par le président de l’Organisation sioniste mondiale Haïm Weizmann s’adressant aux puissances occidentales en 1919. La spoliation territoriale, l’appropriation coloniale de la Palestine n’est pas un accident du sionisme, c’est son essence même.
Les Palestiniens le savent aussi, et ils n’ont pas attendu le fiasco du prétendu “processus de paix” pour s’en rendre compte. En septembre 1993, un “Front du refus” est né du rejet immédiat des accords d’Oslo. Réunis dans le camp de Yarmouk, en Syrie, dix mouvements palestiniens forment “l’Alliance des forces palestiniennes”. Organisations pro-syriennes, islamistes ou marxistes, elles dénoncent le marché de dupes du “processus de paix” et condamnent la politique du courant majoritaire de l’OLP. Ce qu’elles veulent, c’est la fin du sionisme et un État unique en Palestine.
Cette opposition à Oslo a été systématiquement occultée, notamment par les associations occidentales de soutien à la Palestine, généralement alignées sur la stratégie collaborationniste du courant majoritaire du Fatah. Cette coalition des forces d’opposition était pourtant beaucoup plus représentative de l’opinion que les futurs dirigeants de l’Autorité nationale palestinienne. Et aux élections du 25 janvier 2006 dans les Territoires, les résultats électoraux du Hamas (42,6%) et du FPLP (4,1%), clairement opposés au “processus de paix”, dépassaient largement ceux du Fatah (39,6%).
Si l’on tient compte de l’opposition tout aussi catégorique des organisations basées en Syrie et au Liban, et dont les sympathisants ne pouvaient prendre part au scrutin, il est évident que les Palestiniens étaient majoritairement hostiles à ce qu’ils percevaient avec lucidité comme une véritable supercherie. L’absence de consultation des Palestiniens de la diaspora, en tout cas, a entaché la légitimité d’un processus auquel seuls les dirigeants de l’OLP et une bourgeoisie palestinienne installée dans les territoires avaient de bonnes raisons de trouver quelque intérêt.
Pour le peuple palestinien, en revanche, les accords d’Oslo n’ont porté que des fruits pourris. Ces traités inégaux ont accentué les divisions fratricides au sein du mouvement de libération. Ils ont fourni à l’occupant un moyen de pression permanent sur les Palestiniens, désormais captifs d’institutions de pacotille. Loin de permettre l’émergence de la Palestine, Oslo l’a anesthésiée. Le mieux qu’on puisse souhaiter pour les Palestiniens, c’est qu’ils mettent fin à cette farce, qu’ils rompent toute relation avec l’occupant et reprennent le flambeau du combat pour un État unique et démocratique en Palestine.