Il aura donc fallu plus de deux mois pour que suite à l’acte courageux d’un vidéaste amateur engagé à La France Insoumise et suite aux remous causés au sein des Services de Sécurité de la Présidence par un projet de réorganisation guidée tant par des considérations politiques que budgétaires, l’affaire Benalla -Macron sorte au grand jour dans un article du Monde.
Plus de deux mois pendant lesquels des faits graves de violence et des dérives inquiétantes dans l’exercice du pouvoir ont été cachés à la Justice et aux représentations nationales, alors même qu’elles étaient connues des plus hautes autorités de l’Etat et de l’Administration.
Ainsi l’on apprend que le cabinet de l’Elysée, entretien la confusion des genres et des rôles entre chargé de mission, réserviste opérationnel de la Gendarmerie, militant de LRem et gorille armé.
Ainsi l’on découvre, qu’au sein du Cabinet de l’Elysée, que ce soit à la chefferie ou au sein de la Réserve Opérationnelle de la Gendarmerie opérent au moins 4 militants de haut niveau, employés, ou ex employés de LaREM.
Ainsi l’on constate que la manifestation du 1er Mai 2018 a donné lieu à une vaste opération de répression policière au cours de laquelle des centaines de manifestants ont été encagés, matraqués, arrêtés, voire molestés. Opération de répression à laquelle des hauts dignitaires de l’Elysée ont pris part de manière opérationnelle en disposant par exemple d’une radio de commandement.
Ainsi l’on assiste, une fois l’affaire sortie, au plus haut niveau de l’Etat, à un petit jeu de couverture mutuelle malsaine . Que ce soit dans les cabinets ministériels et élyséens ou dans la haute administration de la police et de la gendarmerie, dans ces endroits où l’on mène plan de rigueur sur plan de rigueur, ne cessant de demander des efforts aux fonctionnaires et au Peuple tout entier, on se renvoie les responsabilités alors que personne n’est responsable de quoi que ce soit.
Ainsi l’on observe que des faits de violences policières ont été couverts jusqu’à la publication de l’article du Monde.
Enfin l’on entend alors que les faits sont d’une exceptionnelle gravité un discours caudiliste proprement inquiétant émanant du Président de la République.
Police parallèle, omerta, protections mutuelles, copinages malsains, violences policières, répression organisée du mouvement social, l’exercice du pouvoir dans le premier cercle de la Présidence de la République est bien loin de l’Etat de Droit. La rédaction d’initiative-communiste.fr revient pour vous sur l’ensemble des volets de cette affaire d’Etat. Nous publions la suite des trois articles parus hier en publiant les trois derniers volets. L’ensemble des articles fera l’objet d’un dossier en fin de semaine.
- Cabinet caché et Milice En Marche:
- La répression du Mouvement Social
- Les violences « policières »
- Le « copinage malsain »
- La fascisation En Marche
- Un antidote à la république de l’entre-soi, des courtisans et des soumis.
4) Le « copinage malsain »
Le terme est du Préfet de Police de Paris…
Les auditions des commissions d’enquête ont donné à voir les manoeuvres des parlementaires LREM, Yaël BRAUN PIVET en tête, pour éviter que des questions gênantes soient posées et qu’ainsi des réponses gênantes soient données. Cela conduira le co-rapporteur (LR) Guillaume LARRIVÉ à déclarer à l’adresse de Y. BRAUN PIVET, présidente de la Comission des Lois de l’Assemblée nationale, après qu’elle ait organisé le refus de l’audition par la Commission d’enquête de plusieurs hautes personnalités de l’Etat, dont le Secrétaire Général de l’Elysée: « Je vous rappelle vous avoir saisie (…) d’une liste extrêmement précise de personnes que je souhaite voir convoquées par notre commission d’enquête qui concerne l’Elysée, le ministère de l’intérieur et le parti En marche. Je considère qu’il y a là un dysfonctionnement manifeste du fonctionnement de notre commission d’enquête et, en tant que co-rapporteur, je répète que je n’accepterai pas que cette commission fasse l’objet d’entraves et d’obstruction de la part d’une majorité aux ordres de l’Elysée. » Danièle OBONO pour la France Insoumise déclare pour sa part : « Mme Yaël BRAUN PIVET a procédé au sabotage de sa commission. »
Au delà de ces basses oeuvres politiciennes, c’est à un véritable concours d’irresponsabilité, de couverture réciproque et de manoeuvres dilatoires auquel les plus hauts dirigeants politiques, militaires et de l’administration se sont livrés, dans un parfait et abject exercice d’entre-soi.
Ainsi l’on observe que Gérard COLLOMB, Ministre d’Etat ministre de l’Intérieur, prétend n’être au courant de rien et responsable de rien en ce qui concerne l’affaire BENALLA, alors même même que les MacronLeaks ont montré des échanges entre Jean Marie GIRIER, actuel Chef de Cabinet de G. Collomb et ancien Directeur de campagne d’E. Macron, concernant un achat d’armes et de Flash Ball. De même le Préfet de Police en charge des opérations de « maintien de l’ordre » a jugé ne pas avoir de responsabilité dans l’affaire, se défaussant sur ses subalternes et le cabinet de l’Elysée. Dans la même veine, le Directeur Général de la Police Nationale a déclaré n’avoir été au courant de rien avant la publication de l’article du Monde, le Général Bio Farina chef du commandement militaire de la Présidence déclare lui, toute honte bue, ne pas connaitre le passé militaire au sein de la Réserve d’A. BENALLA et avoir été incapable de visionner par lui même et par un autre moyen que le propre smartphone de Benalla la vidéo sur laquelle ce dernier moleste des manifestants. Enfin s’appuyant sur les consignes données par le Président de le République, le directeur de cabinet du Président, Patrick STRZODA répond aux questions des commissions d’enquête le plus souvent par des réponses dilatoires. Alexis KÖLHER, secrétaire général de l’Elysée, se réfugie derrière un débat constitutionnel lui permettant, peut-être, de ne pas parler de l’organisation interne de la Présidence. Interrogé sur les missions de Police mentionnées sur le Port d’arme d’A.BENALLA, il ne répond pas se défaussant sur une absence d’information eu égard à son haut niveau de responsabilité. Il n’est pas capable de dire si d’autres collaborateurs ont aussi une « mission de coordination de la sécurité » et disposent de port d’arme. Il est encore moins capable d’expliquer clairement la mission de A. BENALLA et son rôle comme coordinateur de la sécurité qui lui a ouvert le droit à une mission de police.
Il est par ailleurs impossible de savoir le montant du salaire d’A. Benalla, ni l’attribution d’un logement luxueux Quai Branly. (Alors que E. Macron a fait des déclarations fracassantes devant ses députés pour dénoncer les informations circulant dans la presse à ce sujet.)
Bien évidemment aucun de ces messieurs n’est au courant des dysfonctionnements graves dont pourtant tous les syndicats de Police ont fait part aux commissions d’enquête, ce qui en dit long sur la considération portée aux personnels de Police et de Gendarmerie.
L’examen des chaînes de responsabilités montre qu’A. BENALLA semble avoir été recruté par J.M GIRIER, actuel directeur de cabinet de Gérard COLLOMB (qui pourtant a déclaré à l’A.N ne pas connaitre BENALLA). Ce serait Yann DROUET qui aurait été à la manoeuvre pour armer A. BENALLA et lui permettre de participer aux opérations de répression du 1er Mai. Yann DROUET, ensuite appelé au Cabinet d’E. MACRON. Patrick STROZDA, nommé au cabinet de E. MACRON se chargeant, en attendant sa retraite prochaine, de répondre le moins possible aux questions des parlementaires en se drapant dans un hypocrite respect de la Constitution évoquée par E. MACRON.
Ces hauts dirigeants qui, sciemment ou par leur impéritie, ont permis le développement de cette affaire au moment même ou l’ensemble des fonctionnaires sous leurs ordres sont victimes de l’euro-austérité et du néo-management que ces mêmes hauts dirigeants se chargent de mettre en oeuvre au pas de charge, doivent être sanctionnés.
5) La fascisation En Marche
Le petit banquier de Rotschild, homme lige de l’union européenne et de l’axe Washington-Berlin qui, fuyant la Représentation Nationale, nargue le Peuple de France dans l’entre-soi de la Macronie, sous la protection des institutions antidémocratique de la Ve République, doit être démasqué.
En effet, ce que l’affaire MACRON-BENALLA met en lumière, c’est l’existence d’une Milice parallèle au plus haut niveau de l’Etat visant d’une part à s’attaquer par la violence au mouvement social en s’immisçant dans la gestion des opérations de maintien de l’ordre, et d’autre part à servir les interêts politiques et la communication du Président de la République.
C’est ainsi que, selon le Canard Enchainé du 25 juillet 2018, c’est A. BENALLA qui, sur ordre d’E. MACRON, a procédé à la préemption de la Parade des champions du monde de football, privant la foule, massée sur la place de la Concorde et sur les Champs Elysées, d’un moment de liesse populaire, pour que son Maître MACRON puisse briller aux JT de 20h, avant que MACRON ayant gardé les Bleus à l’Elysée – reprenons les termes du Canard enchainé – « BENALLA, en bon maître de cérémonie », donne « l’ordre à un commissaire – qui s’est rebiffé avant d’obéir – de disperser le peuple de la Concorde à coups de matraque. »
C’est aussi ainsi que cette affaire rentre dans la (l’extrême) droite ligne des violences graves survenues à l’UFR de Droit de Montpellier lors desquelles une expédition punitive menée par des hommes encagoulés et armés de lattes de bois et d’appareils à impulsion électrique, dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 mars, a été menée à l’intérieur de la fac de droit. Là aussi les forces de l’ordre ont été très critiquées, à travers plusieurs manifestations, pour leur inaction le soir des faits et la lenteur de l’enquête qui a débouché sur les mises en examen du doyen Philippe PÉTEL et du professeur d’histoire du Droit Jean-Luc Coronel de Boissezon, de plus un témoin a porté plainte devant l’IGPN pour des pressions subies lors d’une audition.
Cette affaire précède les évacuations violentes des campus occupés en protestation contre la Loi ORE et Parcoursup et les coups de matraques donnés aux cheminots en grève. Elle suit la véritable opération militaire montée contre la ZAD de Notre Dame des Landes. Elle donne une résonance particulière au discours haineux à l’encontre des Syndicats et de la CGT sommés de « maitriser les black blocs ».
On le voit et contrairement aux « bonnes âmes de gauche » qui refusent de le voir et qui ont le plus souvent appelé à « voter MACRON pour battre Marine LE PEN », l’agressif MACRON n’est pas un rempart à la fascisation, trop souvent confondue avec la lepénisation. Il en est l’aile marchante.
Pour s’en convaincre, il suffit de comparer sont discours du 24 juillet par lequel il apostrophe, plein de morgue et de vanité, le Peuple de France (« qu’ils viennent me chercher !» ) avec le discours suivant :
« Je vous déclare ici et en présence de cette assemblée et devant tout le peuple italien, que j’assume à moi tout seul la responsabilité politique, morale et historique de tout ce qui est arrivé », prononcé par Mussolini le 3 janvier 1925.
Oui, Macron représente un danger pour les institutions républicaine françaises. Il n’a de cesse que de remettre en cause le Contrat Social et la Nation cherchant à Marche forcée à dissoudre la Républqie Française et ce qu’elle comporte de progrès social et humaniste, dans le saut fédéral européen, la belliqueuse OTAN et la concurrence sauvage du capitalisme mondialisé.
Elu par 17% des inscrits au terme d’un second tour véritable marché de dupes, il n’a aucune légitimé pour traîner notre République dans la fange de la fascisation et du césarisme.
6) Un antidote à la République de l’entre-soi, des courtisans et des soumis
L’affaire met en lumière l’obéissance servile de fonctionnaires « terrorisés » se soumettant au pouvoir de caïds bien en cour, à la plus grande satisfaction des élites bourgeoises se complaisant dans l’entre-soi.
Pourtant, et en dépit de la structure anti-démocratique inhérente au régime présidentiel de la Ve République, un antidote au copinage et à l’autoritarisme existe. Il a été mis en place par le ministre communiste Maurice THOREZ à la Libération: LE STATUT GENERAL DE LA FONCTION PUBLIQUE, afin de ne pas revivre les horreurs de la Collaboration qui avait vu naitre la Milice et le règne de la subordination des agents de l’Etat Français aux ordres d’Hitler et de Pétain, avec leur cortège ignoble de rafles et de violences politiques. Il a permis le recrutement, sans passe-droit et en toute transparence, sur la base du mérite par l’intermédiaire du concours. Il donne l’assurance, via la gestion paritaire des carrières, que les missions sont exercées non au service d’une autorité toute puissante mais au service de l’interêt général.
Ce STATUT de la Fonction Publique honnie par la Macronie et ses soutiens objectifs (LR et RN en tête), s’il avait été respecté dans son esprit et dans sa lettre au lieu d’être attaqué et détricoté de toutes parts depuis des décennies sur l’autel de la construction européenne, aurait empêché toute affaire BENALLA.
En effet, parmi les principaux protagonistes non directement politiques de l’affaire, on rencontre, au choix, des chargés de mission contractuels (même pas déclarés au J.O) recrutés par le fait du Prince, des fonctionnaires de la Préfectorale, placés hors cadre, tous nommés par la Présidence, et des fonctionnaires de Police dont la carrière peut être brisée sur ordre du « Château » ou du « Cabinet ».
C’est ainsi que, hors la protection des statuts qui garantissent que l’agent exerce sa mission au service de l’Etat, c’est-à-dire au service de tous et non pas de son supérieur hiérarchique, des chaînes de commandement viciées ont pu se mettre en place, les courtisans les plus en vue pouvant tous se prévaloir de leur appartenance « au Château », pour mettre sous pression des fonctionnaires en dehors de tout cadre statutaire.
Afin de servir au mieux l’intérêt général et d’éviter que des émules de BENALLA ne puissent mettre la Fonction Publique au service d’intêrets particuliers ou partisans, il est important de défendre le conquis de Thorez : LE STATUT DE LA FONCTION PUBLIQUE (sans oublier que c’est aussi une garantie des droits et des salaires pour l’ensemble des salariés, dans un contexte de marché du travail concurrentiel entre public et privé).
Il est primordial que le mouvement progressiste politique ET syndical se saisisse pleinement de ce combat.