La matraque, la force, la violence. C’est cela la méthode de gouvernement du régime Macron, qui s’est à nouveau illustré en tombant le masque du totalitarisme, tabassant dans les facs les étudiants qui y exercent le droit de toutes les jeunesses étudiantes du monde, celui de débattre et d’échanger leurs idées. Ce qui fait que les facultés sont un lieu sacré, celui du savoir, du débat. Un lieu où les matraques et les grenades des CRS n’ont, plus que partout ailleurs, absolument pas leur place. C’est pourtant comme cela que le pouvoir aux ordres de la Commission Européenne, des multinationales, des milliardaires répond à la jeunesse. Sélection à l’entrée et interdiction du débat à l’intérieur c’est bien la signature d’un régime totalitaire, de plus en plus ouvertement fascisant.
La Fac de Tolbiac violemment évacuée
Alors que le tribunal administratif venait de rejeter un référé d’un syndicat étudiant d’extrême-droite de lancer les CRS contre les étudiants de Tolbiac, alors que le président de la Fac de Tolbiac avait promis de ne pas faire appel à la police, le préfet aux ordres du ministre de l’intérieur de Macron a lancé ses matraqueurs assermentés à l’assaut de Tolbiac en pleine nuit.
Les témoignages des étudiants qui occupaient pacifiquement un amphi de l’université font froid dans le dos. Nos confrères de Reporterre les ont recueillis. Une charge à 5h du matin sur des étudiants pour la plupart endormis. Une violence disproportionnée. Des CRS démolissant les portes dans la fac, armées de matraques, de béliers,et même de tronçonneuses.
Une étudiante témoigne : « On a été frappés plusieurs fois sans sommation, matraqués plusieurs fois sans sommation. On a été ‘nassés’ sur le balcon d’un amphithéâtre. Le balcon était à deux mètres de haut. Et on a été matraqués pour nous forcer à descendre. [.Mais] sauter d’un balcon de 2 mètres de haut c’était pas possible. Il y a eu cinq bonnes minutes où on a été menacés, certains matraqués, jusqu’à ce que les CRS se rendent compte que ce n’était pas possible », déplore l’étudiante qui a réclamé l’anonymat tout en qualifiant de « pacifiques » les occupants délogés.
Les mensonges de Collomb : les étudiants dénoncent un blessé grave et plusieurs blessés
Alors qu’il s’acharne à faire voter par les députés godillots de LREM une loi xénophobe anti-immigrés applaudie par l’extrême-droite et le FN, Gérard Collomb a trouvé le temps d’annoncer avant même la fin de l’offensive lancée sur Tolbiac l’absence de blessés. Pourtant ce n’est pas ce qui est établi par les témoignages des étudiants présents sur place. Ils rapportent que plusieurs étudiants ont été violentés, blessés dont l’un gravement. Ce dernier aurait fait une chute de plusieurs mètres de hauteur déséquilibré par un policier alors qu’il tentait d’échapper aux coups. Il aurait été évacué dans un état grave à l’hôpital Cochin. La préfecture dément la présence de blessés « dans l’enceinte du site », mais la police occupe la rue où se serait produit le drame, à l’extérieur du site, interdisant toutes vérifications directes. L’assistance publique des hôpitaux de Paris refuse de confirmer l’information, se retranchant derrière le secret médical.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
Retrouvez ci dessous en intégralité le reportage de nos confrères de Reporterre à lire en ligne sur leur site internet ici
L’évacuation de la faculté de Tolbiac, vendredi matin, s’est déroulée dans une extrême violence de la part de la police. Un occupant, déséquilibré par un policier, est tombé de plusieurs mètres de hauteur. Il est grièvement blessé.
- (…) Récit de l’accident, que vous retrouverez à la fin de l’article : Désiré*, présent depuis neuf jours, rapporte les détails de l’accident : « On s’échappait par les toits, à l’arrière du bâtiment, pour descendre dans une petite rue à côté. Les gars de la BAC [Brigade anti-criminalité] étaient à nos trousses. Un camarade a voulu enjamber le parapet pour se laisser glisser le long du mur. Un baqueux lui a chopé la cheville. Ç’a l’a déséquilibré, et le camarade est tombé du haut du toit, en plein sur le nez. On a voulu le réanimer. Il ne bougeait pas. Du sang sortait de ses oreilles… » Désiré* et ses camarades ont aussitôt appelé les pompiers, « en courant ». Emmené par les pompiers, dans un état d’inconscience, on ne sait pas dans quel hôpital il se trouve. Quoi qu’il en soit, la rue où a eu lieu sa chute demeure barrée par la police. Désiré*, qui est allé y jeter un coup d’œil, revient, fulminant de rage : « Les enfoirés ! Ils ont effacé toutes les traces de sang ! »
Paris, établissement universitaire de Tolbiac, reportage
De nouvelles têtes ont investi Tolbiac. En lieu et place des habituels occupants, des CRS paradent à l’intérieur de l’enceinte, arrachant fresques, banderoles et autres traces tangibles de l’occupation qui s’y tenait depuis le 26 mars. À l’entrée du site de Paris-1, on ne trouve plus la chaleureuse porte de carton qui accueillait visiteurs de passage, militants et occupants, mais une dizaine de camions de police qui barrent complètement le trottoir.
De l’autre côté de la rue, encore abasourdis par leur évacuation violente au petit matin, une vingtaine d’occupants font cercle, assis à même le sol, entourés par quelques dizaines de sympathisants, curieux et habitants du quartier. Certains terminent leur nuit, brutalement interrompue, dans des sacs de couchage. D’autres profitent de la solidarité des riverains, qui les ravitaillent en boissons et nourriture.
Parmi les occupants, se trouve Lucas*, déjà rencontré quelques jours plus tôt. Les yeux mangés par le manque de sommeil, cet occupant de la première heure donne une autre version des faits que celle de la préfecture : « À cinq heures du matin, les guetteurs nous ont averti de l’arrivée de la police. Il y avait 300 CRS. Ceux à l’extérieur portaient des fusils d’assaut. Ceux à l’intérieur, des tronçonneuses, des matraques et des gazeuses. Ils ont tout défoncé, et maintenant, ils nous font porter le chapeau pour les violences qu’ils ont commises. »
Adam*, qui participait à une ronde dans les couloirs ce soir-là, confirme les dégradations matérielles : « Quand on a entendu la police débarquer, on n’a pas eu le temps de faire grand-chose. On a cherché à fuir avec cinq autres gars, mais on s’est retrouvé coincés dans le sas des ascenseurs, derrière une porte blindée. L’un de nous connaissait le code des ascenseurs, alors on a essayé de monter le plus haut possible, vu que l’électricité était coupée. On s’est réfugié au quatrième étage, et on a attendu les flics. On les a très clairement entendus tout détruire, y compris les portes, lorsqu’ils montaient nous chercher. »
Mais la violence ne s’arrête pas qu’aux objets. Lucas* évoque « trois-quatre blessés, dont un grave », chez les occupants, ainsi qu’autant d’interpellations pour « outrage et rébellion ». Des chiffres qui ne donnent pas la mesure du degré de violence atteint dans la nuit.
Marion*, assise aux côtés de Lucas* et qui « formait aux premiers secours », raconte le traitement d’un des blessés qu’elle soignait par les forces de l’ordre : « Une personne blessée à la cheville avait fait un malaise. Je l’avais aussitôt placée en PLS [Position Latérale de Sécurité] et avec plusieurs camarades, on la protégeait de nos corps. Lorsque les flics sont arrivés avec leurs boucliers, je leur ai crié : “N’avancez pas ! On a un blessé !” Ils ont continué à avancer. Ils m’ont bousculé, m’ont fait tomber sur le blessé, l’ont piétiné. Je leur demandais d’arrêter, ils continuaient. Certains souriaient, j’en ai même vu filmer la scène. C’était le summum de la barbarie. »
Sagaro*, occupant depuis dix jours, a lui aussi assisté à la scène, à laquelle il rajoute un détail crucial : le blessé était Noir. Pour Sagaro*, lui-même d’origine berbère, la police ciblait principalement les personnes racisées. Il mime les gestes des CRS : « Quand t’es français, ils te disent : “Avancez, avancez”, et te laissent tranquilles. Quand t’es pas français, ils profitent que tu passes devant eux pour te mettre un poing dans le ventre. Ça fait putain de mal… »
Sagaro* a néanmoins réussi à fuir par l’arrière, en compagnie de quelques autres occupants. L’un d’eux n’a pas eu sa chance.
Désiré*, présent depuis neuf jours, rapporte les détails de l’accident : « On s’échappait par les toits, à l’arrière du bâtiment, pour descendre dans une petite rue à côté. Les gars de la BAC [Brigade anti-criminalité] étaient à nos trousses. Un camarade a voulu enjamber le parapet pour se laisser glisser le long du mur. Un baqueux lui a chopé la cheville. Ç’a l’a déséquilibré, et le camarade est tombé du haut du toit, en plein sur le nez. On a voulu le réanimer. Il ne bougeait pas. Du sang sortait de ses oreilles… »
Désiré* et ses camarades ont aussitôt appelé les pompiers, « en courant ». Emmené par les pompiers, dans un état d’inconscience, on ne sait pas dans quel hôpital il se trouve. Quoi qu’il en soit, la rue où a eu lieu sa chute demeure barrée par la police. Désiré*, qui est allé y jeter un coup d’œil, revient, fulminant de rage : « Les enfoirés ! Ils ont effacé toutes les traces de sang ! »
* Les prénoms ont été modifiés
- 10h00 « L’opération a été menée avec beaucoup de finesse », explique Florian Michel, directeur du centre Tolbiac, rapporte le journaliste Romain Lescurieux.
- Vers 13h30 – La Préfecture de police affirme « qu’il n’y a eu aucun blessé lors de l’opération d’évacuation de ce matin »
- 16h40 – Selon les témoignages recueillis par Reporterre, la police a effacé les traces de sang. Or, rappelle l’avocat Me Raphaël Kempf, citant l’article 434-4 du Code pénal : « Est puni de trois ans d’emprisonnement (…) le fait, en vue de faire obstacle à la manifestation de la vérité : De modifier l’état des lieux d’un crime ou d’un délit soit par l’altération, la falsification ou l’effacement des traces ou indices ».
- 17h00 – Selon un.e membre de la Commune libre de Tolbiac et ami.e de l’étudiant blessé, contacté.e par Reporterre, son camarade a été transporté à l’hôpital Cochin, à Paris. Le personnel hospitalier lui a confirmé l’arrivée d’un étudiant de Tolbiac, inconscient. L’étudiant, inscrit à Tolbiac, est âgé d’une vingtaine d’années. Il est membre de la Commune libre.
- 17h50 – Le syndicat Sud Santé Sociaux, en recherche d’informations auprès des établissements hospitaliers, indique à Reporterre n’avoir récolté aucune confirmation concernant l’admission d’un étudiant gravement blessé, à Cochin ou ailleurs, et évoque « un flou total ».
- 19h20 – Reporterre confirme ses informations et a recueilli d’autres témoignages. Récit détaillé demain samedi matin.